Ils ne servent que quelques minutes et produisent des montagnes de plastique et de papier. Après avoir reçu, mercredi 1er juillet, les acteurs de la livraison des repas à domicile, la secrétaire d'Etat à la Transition écologique et solidaire, Brune Poirson, leur a demandé de présenter, d'ici à octobre, un plan «zéro dechet».
L'Américain Uber Eats, le Britannique Deliveroo ou encore le Français Frichti ont été prévenus : ils ont trois mois pour présenter différentes stratégies visant à «sortir du tout jetable» pour aller vers le réutilisable.
Un énorme défi lorsqu'en 2018, les plates-formes de livraison ont livré 200 millions de repas en France, selon les chiffres communiqués par le ministère.
Pour lutter contre la #pollutionplastique notamment, j’ai donné 3 mois aux entreprises qui font de la livraison de repas à domicile pour me soumettre une stratégie #zérodéchet visant à sortir du tout jetable.
Retour sur une réunion constructive pic.twitter.com/0Tw7nr33cI— Brune Poirson (@brunepoirson) July 2, 2020
Pour les aider à passer le cap et prendre la mesure du sujet, étaient également réunies autour de la table plusieurs start-up du monde de la Food tech, ainsi que l'ONG Surfrider, qui défend la protection des océans ou encore l'association spécialisée Zéro Waste France.
Eviter «les fausses bonnes idées»
«Se doter d’une véritable stratégie zéro déchet, c'est aider les différents acteurs à trouver des vraies solutions de rupture et d’éviter les fausses bonnes idées», a expliqué auprès de CNEWS l'entourage de Brune Poirson, qui cite en exemple «les couverts en bambou ou des emballages en carton plutôt qu’en plastique». Des produits qui, s'ils sont déjà mis en œuvre de bonne foi par certaines entreprises du secteur «contribuent à accélérer la déforestation à l’autre bout de la planète et ne font donc que déplacer le problème».
Parmi les différentes pistes évoquées à ce stade pour atteindre le «zéro déchet», celle de la consigne semble particulièrement tenir la corde. Partant du principe que le meilleur déchet est celui qu'on ne crée pas, la start-up GreenGo, partie prenant aux discussions, propose notamment des points de collecte où les consommateurs viendraient déposer leurs emballages et seraient ensuite remboursés du montant de la consigne via une application mobile.
Autre piste à l'étude : mettre au point un système où l'on garderait ses cartons de pizzas et autres barquettes de nuggets commandées jusqu'à ce qu'un livreur les récupère.
Si le ministère tient à se montrer diplomate et appelle surtout à la responsabilité des acteurs, il les encourage néanmoins vivement à présenter des stratégies «les plus ambitieuses et les plus rapides possibles».
Un étau législatif resserré
La loi anti-gaspillage, qui inscrit dans la réglementation l’objectif de 100 % de plastique recyclé d’ici au 1er janvier 2025, prévoit en effet d'interdire les plastiques à usage unique, comme les couverts jetables et les pailles, ainsi que les boîtes en polystyrène expansé dès le 1er janvier 2021. Un an après, le 1er janvier 2022, c'est la standardisation des emballages alimentaires réemployables pour la restauration (gobelets, assiettes, couverts, etc.) qui doit également entrer en vigueur.
«L'étau législatif se resserre», a résumé à CNEWS le ministère, qui ajoute que, sans action forte, «les parlementaires pourraient donc être tentés de se saisir de ces sujets à l’occasion de l’examen de la loi issu de la Convention citoyenne pour le climat prévue pour octobre».
Une hypothèse d'autant plus crédible que la percée écolo aux dernières municipales semble avoir résolument montré la grande préoccupation des Français sur les sujets «verts».