Le président de la République l’a annoncé dimanche soir lors de son allocution télévisée : les élèves de l’école primaire et du collège devront retourner en classe à partir du 22 juin, de manière obligatoire. Pourtant, certains chefs d'établissement l'ont clairement annoncé : tous les enfants ne pourront être accueillis en même temps.
Un nouveau protocole sanitaire qui doit être dévoilé d'ici à la fin de la semaine, précisera les nouvelles règles d’accueil pour les établissements scolaires. La règle des quatre mètres carrés de distanciation physique entre chaque élève sera allégée : «l'observation d'une distanciation physique d'au moins un mètre s'applique uniquement dans les salles de classe et tous les espaces clos, entre l'enseignant et les élèves ainsi qu'entre chaque élève lorsqu'ils sont côte à côte ou qu'ils se font face», précise le décret publié lundi. La limite de 15 élèves par classe (et 10 pour la maternelle) sera également levée.
Malgré ces allègements, certains établissements ne seront toujours pas en capacité d’accueillir une trentaine d’élèves dans une salle de classe en respectant cette distanciation d’un mètre. «Les règles de distanciation (…) telles qu’elles sont envisagées vont poser des problèmes parfois insolubles aux directeurs et à leurs équipes», alerte le président du Syndicat national des Écoles (SNE), Laurent Hoefman, dans une lettre ouverte publiée sur le site du SNE.
Le syndicat reproche au gouvernement d’avoir pris la décision de rendre l’école obligatoire sans prendre en compte les capacités des établissements scolaires. «Lorsqu’on dit au JT que les élèves doivent tous reprendre l’école à partir de 22 juin, il faut s’assurer que ce sera possible partout», continue-t-il. Le SNE affirme avoir demandé quoi faire si les salles de classes étaient trop petites pour accueillir tous les élèves, et ne pas avoir reçu de réponse de la part du ministère de l’Éducation nationale.
Une organisation à repenser
Dans une interview accordée au journal Marianne, Philippe Vincent, secrétaire général du Syndicat National des Personnels de Direction de l'Éducation Nationale, affirme que ce nouveau protocole sanitaire ne permettra toujours pas le retour en classe de tous les élèves. «Nos simulations montrent que les nouvelles précautions permettront de recevoir 20 à 24 élèves par classe, alors qu'ils sont entre 25 et 30 en temps normal», explique-t-il. Dans son établissement, il prolongera l’organisation par rotation de demi-groupes quand tous les élèves ne pourront pas être accueillis dans les normes.
Le SNPEDEN a aussi demandé à ses adhérents de ne pas se précipiter quant à la mise en œuvre du nouveau protocole sanitaire, et affirme : «il est donc essentiel de les laisser décider localement, avec pragmatisme et sens des responsabilités, de ce qui sera réalisable ou pas dans les établissements d’ici le 22 juin.» Le syndicat salue la réactivité des enseignants et les directeurs d’établissements, qui ont déjà modifié par trois fois leur organisation pour respecter au mieux les décisions du gouvernement. Ils devront de nouveau s’organiser pour accueillir les élèves au mieux, à moins de trois semaines de la fin de l’année scolaire.
Il y a des contradictions que le SNPDEN demande à ses adhérents de ne pas porter au delà du raisonnable pic.twitter.com/Z0agd7iJPX
— SNPDEN-UNSA (@snpden) June 16, 2020
Depuis le déconfinement, 1,8 millions d’élèves (sur 6,7 millions) sont retournés à l’école, mais rarement à temps complet, selon les chiffres du ministère de l’Éducation nationale, et seuls 600.000 collégiens sur les 3,3 millions ont repris les cours.