Des résidus de pesticides potentiellement cancérigènes ou perturbateurs endocriniens, ont été retrouvés dans l’eau du robinet, dénonce ce mercredi 17 juin Générations futures.
L’association qui milite contre les pesticides dans l'agriculture a épluché les analyses effectuées par les Agences régionales de Santé (ARS), qui contrôlent la qualité de l'eau du robinet.
«Le ministère de la Santé communique chaque année au sujet des situations de dépassement de norme pour l'eau potable. Nous voulions aller voir la nature des molécules, si elle est préoccupante ou pas», a déclaré François Veillerette, président de l'association.
En 2018, «90,6% de la population a été alimentée en permanence par de l’eau respectant les limites de qualité réglementaires pour les pesticides», rapporte le ministère.
Selon la norme établie pour les pesticides, «on ne doit pas dépasser 0,1 microgramme par litre et par molécule» et 0,5 microgramme toute substance confondue, indique Maryllis Macé, directrice du Centre d'information sur l'eau, qui représente les professionnels de la gestion de l'eau.
«15.990 quantifications individuelles de pesticides»
Dans ses recherches, Générations futures s'est concentrée sur des molécules au «caractère cancérogène, mutagène ou reprotoxique (CMR)» et «potentiel perturbateur endocrinien(PE)».
Sur environ 273.500 prélèvements, l’association a retenu 8.835 analyses «ayant révélé la présence d’au moins un résidu de pesticide au-delà des limites de quantifications». Il en ressort «15.990 quantifications individuelles de pesticides», dont 38,5% sont des CMR, 56,8% des perturbateurs endocriniens suspectés, selon Générations futures.
Le pourcentage monte à 78,5% en comptabilisant les molécules ayant l'une ou l'autre de ces propriétés ou les deux. Les effets des perturbateurs endocriniens sur la santé sont encore mal connus. Ils inquiètent car ils peuvent agir à de très faibles niveaux d'exposition et les chercheurs suspectent des «effets cocktails» en présence de plusieurs substances.
«La proportion de produits problématiques est vraiment importante», critique François Veillerette, qui regrette l'impossibilité de comparer les départements, les mêmes substances n'étant pas recherchées partout.
Des molécules interdites depuis les années 2000
Parmi les dix molécules les plus quantifiées, sept sont interdites depuis les années 2000, dont le métolachlore et l'atrazine, des herbicides, ou encore l'oxadixyl, un fongicide.
Cette persistance s'explique par le temps nécessaire pour que les eaux polluées atteignent les nappes phréatiques. «On paye les erreurs du passé», constate François Veillerette.
Le ministère de la Santé précise de son côté que la quasi-totalité des situations de dépassement de la limite de qualité en 2018 «ont été limitées en concentration et/ou dans le temps, ne nécessitant pas une restriction de l’usage de l’eau du robinet pour la boisson».
Pour Générations futures, pour autant, la présence de ces substances est préoccupante. La solution n'est pas de se tourner vers l'eau en bouteille, mais «qu’une politique efficace de réduction de l’usage des pesticides soit enfin appliquée», selon son rapport.