Elles mesurent la température, contrôlent le port du masque ou s'assurent du respect de la distanciation physique : avec la pandémie de coronavirus, les caméras intelligentes se sont multipliées au point d'attirer l'attention de la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil). Elle pointe notamment le risque de «généraliser un sentiment de surveillance chez les citoyens».
Bien que «pleinement consciente de la situation sanitaire», la Cnil estime dans un communiqué que «certains dispositifs envisagés ne respectent pas le cadre légal applicable à la protection des données personnelles».
Elle déplore un «développement incontrôlé» de ces caméras intelligentes qui pourraient «créer un phénomène d'accoutumance et de banalisation de technologies intrusives». La commission craint ainsi «une surveillance accrue, susceptible de porter atteinte au bon fonctionnement de notre société démocratique».
#COVID19 Caméras thermiques, caméras "intelligentes"... La CNIL appelle à la vigilance ! https://t.co/FhKpx8SgjX
Le règlement applicable https://t.co/nubPRxWu1y pic.twitter.com/6h1AWJjHxc— CNIL (@CNIL) June 17, 2020
Son inquiétude repose principalement sur le fait que ces technologies conduisent le plus souvent «soit à traiter les données sensibles sans le consentement des intéressés (notamment la température), soit à écarter le droit d'opposition».
Les interrogations de l'instance vont au delà de la seule protection des données personnelles puisqu'elle questionne l'efficacité même de ces caméras intelligentes. Ainsi les dispositifs thermiques, qui mesurent la température à partir du rayonnement infrarouge émis par le corps, ne peuvent écarter «le risque de ne pas repérer des personnes infectées puisque certaines sont asymptomatiques».
Par ailleurs, la Cnil met en garde contre le contournement possible du système, notamment «par la prise de médicaments antipyrétiques (qui réduisent la température corporelle sans traiter les causes de la fièvre)».
Soulignant que l'usage des caméras intelligentes «n'est aujourd'hui pas prévu par un texte spécifique», la commission «appelle à la vigilance» et demande «un encadrement normatif». Elle insiste sur le fait que «les droits des personnes doivent être respectés et ne sont ni restreints, ni suspendus par le contexte d'urgence sanitaire».