Dans une tribune publiée ce samedi 13 juin dans Le Monde, Sibeth Ndiaye, la porte-parole du gouvernement, a suggéré de rouvrir «de manière apaisée et constructive le débat autour des statistiques ethniques».
Contrairement aux pays anglo-saxons, la France «interdit de collecter ou de traiter des données à caractère personnel qui font apparaître, directement ou indirectement, les origines raciales ou ethniques, les opinions politiques, philosophiques ou religieuses ou l'appartenance syndicale des personnes, ou qui sont relatives à la santé ou à la vie sexuelle de celles-ci». Mais tandis que les manifestations contre le racisme et les violences policières se multiplient, Sibeth Ndiaye a développé ses pistes de réflexion dans les colonnes du Monde.
Nous ne devons pas renoncer à notre projet universaliste et républicain, sous peine de donner raison à ceux qui en détournent le sens et en exploitent sans vergogne les faiblesses. Via @lemondefr https://t.co/gdfGqEnboM
— Sibeth Ndiaye (@SibethNdiaye) June 13, 2020
«Nommer les choses»
Celle qui confie avoir fait «l'expérience du racisme ordinaire» à son arrivée en France en 1996 estime ainsi qu'«il est urgent de reposer la question de la représentativité des personnes de couleur dans la vie publique, politique, économique et culturelle de notre pays» et qu'il ne faut pas «hésiter à nommer les choses, à dire qu'une couleur de peau n'est pas neutre, qu'un nom ou un prénom stigmatise».
Selon elle, «nous devons revenir avec force aux outils de lutte contre les discriminations raciales sans les confondre avec les moyens de lutte contre la discrimination sociale». Un moyen, pour la porte-parole du gouvernement, de «ne pas laisser prospérer les fantasmes». «Osons débattre publiquement de certains sujets hier encore discutés, aujourd'hui devenus tabous, sans sombrer dans les habituels procès d'intention», conclut-elle.
En 2015, l'ancien Premier ministre Manuel Valls avait déjà relancé ce débat, mais s'était heurté aux réticences du président Hollande. Quant à Emmanuel Macron, pendant sa campagne présidentielle, il s'était dit plutôt favorable au «testing» destiné à nommer les entreprises qui pratiquent la discrimination à l'embauche.