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Technique de l'étranglement : ce qu'il faut savoir sur cette méthode désormais interdite

La mort de George Floyd, un Noir asphyxié par un policier blanc aux Etats-Unis, a ravivé la colère des citoyens face aux violences policières en France. [Christophe SIMON / AFP]

L'ancien ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a annoncé en juin dernier l'abandon de la technique de l'étranglement utilisée par les policiers, suite aux manifestations dénonçant les violences policières en France. Cette méthode controversée, est pourtant qualifiée par certains policiers «d'indispensable».

C'est une des méthodes d'interpellation policière : celle de prise par le cou, dite de l'étranglement, qui consiste à ce que l'agent encercle le cou de la personne interpellée afin de l'immobiliser. Au centre des débats, elle est enseignée dans les écoles de formation des forces de l'ordre, police comme gendarmerie. Lorsqu'elle est réalisée par une pression sur la carotide, les deux vaisseaux sanguins situés de chaque côté du cou sont comprimés. La baisse de flux sanguin ferait ainsi tomber l'interpellé dans une inconscience censée être temporaire.

Cette technique permet à l'agent de donner des consignes à l'individu comme lui demander de lâcher son arme. Elle a surtout pour but de leur permettre de maîtriser et, en accompagnant l'interpellé au sol, de le menotter. En formation, les forces de l'ordre apprennent à utiliser cette méthode le temps de passer les bracelets.

Elle fait notamment écho à l'affaire Chouviat, ce livreur mort à Paris, en janvier 2020, lors de son interpellation. Suite à ce drame, une mission avait d'ailleurs été lancée pour expertiser cette technique controversée.

«C'est une méthode qui comportait des dangers», a affirmé le ministre de l'Intérieur lors de l'annonce de son interdiction. Elle est d'ailleurs critiquée par trois neurologues américains, auteurs d'un article paru lundi 28 décembre dans la revue JAMA Neurology. Selon eux, elle ne repose sur aucun fondement médical et «manque d'une réelle compréhension de la physiopathologie des dommages importants qu'elles causent à un individu».

Ces spécialistes médicaux ont alerté sur le danger d'un «accident vasculaire cérébral, une crise d'épilepsie ou même la mort». L'un des auteurs de l'article prône une «meilleure sensibilisation à l'impact de ces pratiques pourrait contribuer à en limiter l'utilisation».

un abandon qui inquiete les policiers

Mais pour le délégué national du syndicat Alliance des gardiens de la paix, Frédéric Lagache, «dès lors qu'elle est faite dans un court instant, c'est la seule technique qui permette aux agents de maîtriser un individu dont le poids est supérieur».

C'est d'ailleurs pour cette raison que les syndicats policiers sont dubitatifs vis-à-vis de cette décision : «Si quelqu'un refuse de se faire interpeller et si on n'a plus la clé de l'étranglement, qu'est-ce qu'on fait ?», redoute le secrétaire général du syndicat Unité-SGP-Police, Yves Lefebvre. En effet, à ce jour, il n'existe aucune méthode qui peut la remplacer, selon les forces de l'ordre : «Si on nous dit qu'on remplace cette méthode par une meilleure technique d'intervention, on sera preneurs. Mais il faudra des mois, voire des années avant que tout le monde y soit formé», continue Yves Lefebvre.

Avec l'abandon de la méthode dite de l'étranglement, les policiers redoutent donc le recours à d'autres techniques : «Sinon on en sera réduit au combat de rue ou à l'utilisation du taser», estime Frédéric Lagache.

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