Le Défenseur des droits a annoncé ouvrir une enquête sur l'arrestation du jeune Gabriel, 14 ans, qui accuse des policiers de l'avoir frappé et gravement blessé à l'oeil lors de son interpellation à Bondy (Seine-Saint-Denis).
Lundi, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner s'était dit "troublé" par cette affaire, sur laquelle le parquet de Bobigny a ouvert une enquête.
En pleine mobilisation nationale et internationale contre les violences policières, le témoignage de Gabriel, 14 ans, n'avait fait que renforcer la colère des manifestants. Interpellé à Bondy (Seine-Saint-Denis) le 25 mai dernier, alors qu'il tentait de voler un scooter, le jeune garçon a subi de graves blessures à la mâchoire et à l'oeil qui lui ont valu 30 jours d'interruption totale de travail (ITT).
Lorsqu'il est arrivé à l'hôpital ce soir-là, Gabriel présentait quatre dents cassées ainsi qu'une fracture maxillaire étendue au plancher de l'orbite gauche. Aujourd'hui, interrogé par Loopsider, il assure que ses blessures ont été causées par les coups de policiers lors de son interpellation.
«Ils étaient quatre. Un d'entre eux m'a mis les menottes et m'a mis les genoux sur le dos. Une femme m'a tenu les pieds pendant qu'un policier barbu me tapait avec la pointe de ses pieds dans le visage», raconte l'adolescent.
« Il y a une femme qui m’a tenu les pieds, pendant qu’un policier me tapait avec la pointe de ses pieds » : Gabriel, 14 ans et 50 kilos, a eu 30 jours d’ITT après avoir été interpellé à Bondy le 25 mai. L’IGPN est saisie.
Il témoigne pour la première fois. pic.twitter.com/8LPSdHbA32— David Perrotin (@davidperrotin) June 6, 2020
Conduit au commissariat de Bobigny, Gabriel se plaint de maux de tête et de nausées. Il dit avoir vomi plusieurs fois alors que le policier qu'il accuse de violences tentait de le conduire à l'hôpital, une heure après son arrivée.
«Les pompiers sont venus me chercher et m'ont dit "comment tu t'es fait ça", c'est là que les policiers ont répondu que j'étais tombé. J'ai dit que c'était faux et qu'ils m'avaient tapé.»
A l'hôpital, le jeune homme a une nouvelle fois raconté sa version des faits au médecin qui s'occupait de lui. Cette dernière aurait alors prévenu la mère de Gabriel qui, selon l'adolescent, n'avait pas été mise au courant par les forces de l'ordre.
Un suivi médical de plusieurs mois
Hospitalisé pendant dix jours, le jeune garçon a subi une lourde opération à l'oeil. Son état justifie un suivi médical de plusieurs mois.
Les policiers qui ont procédé à son interpellation ce soir là nient les accusations de Gabriel. Selon eux, l'adolescent se serait rebellé au moment d'être arrêté. Il aurait fuit en courant à leur vue et serait tombé au sol de lui-même, avant qu'un agent lancé à sa poursuite lui trébuche dessus.
Gabriel a été entendu par l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) et a confirmé ses déclarations, selon son avocat.
Deux plaintes ont été déposées par la famille dans cette affaire. L'une auprès de l'IGPN au lendemain de l'interpellation et une seconde, le 2 juin, auprès du parquet de Bobigny pour «violences aggravées en réunion par personnes dépositaires de l'autorité publique et sur mineur de moins de 15 ans».
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