En ces temps de pandémie, et alors que les beaux jours arrivent, va-t-on pouvoir se baigner en toute sécurité ? La question d’une contamination au SARS-CoV-2 en milieu aquatique se pose après la découverte de traces de coronavirus dans le réseau d’eau portable de la ville de Paris. Et, la recherche, si elle avance encore, fournit déjà quelques réponses. Etat des lieux.
L’eau de mer plutôt rassurante
Disons-le d’emblée, quel que soit l’endroit où l’on se trouve, le respect des gestes barrières (distanciation physique, lavage des mains, tousser ou éternuer dans son coude...) restent encore le meilleur moyen de se protéger du coronavirus. Cela est donc valable si l’on a décidé de piquer une tête dans l’eau.
Une étude du conseil supérieur de la recherche scientifique espagnol, parue au début du mois de mai, est catégorique : «la principale voie de transmission du SARS-CoV-2 dans les rivières, les lacs, les piscines et à la mer passe par les sécrétions respiratoires générées par la toux, les éternuements et le contact de personne à personne», y est-il mentionné.
Pour ce qui est des plages, une étude française de l’Ifremer, l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer, basé à Nantes, et relayée par franceinfo, indique qu’aucune trace du virus n’a été retrouvée dans des échantillons d’eau de mer prélevés fin avril sur les côtes normandes, bretonnes et méditerranéennes.
La chercheuse en charge de l’étude, Soizick Le Guyader, reste toutefois prudente et précise à la radio publique que ces prélèvements ont eu lieu pendant le confinement. Ils devront donc être confirmés et c’est pourquoi des analyses vont être faites tous les 15 jours pour voir si la levée progressive des mesures de restrictions pourrait changer la donne. En attendant, les mesures de distanciation physique restent de mise.
Enfin, et puisque partie de plage va souvent de pair avec fruits de mer, la même étude a conclu à l’absence totale du coronavirus sur des échantillons d’huîtres et de moules pourtant prélevés dans zones situées près de rejets de stations d’épuration. Une nouvelle rassurante que la chercheuse attribue principalement au fait que «les eaux usées sont traitées et que même si elles arrivent souillées jusqu’à la mer, elle sont ensuite fortement diluées.»
Piscines et saunas : des protocoles stricts
Les établissements comme les piscines, les saunas et les spas sont soumis à des protocoles stricts. L’utilisation de produits désinfectants y est de fait largement répandue de façon à limiter une quelconque transmission d’agent infectieux entre les usagers.
Des normes sanitaires, passant notamment par une désinfection par le chlore efficace, également à même de venir à bout du coronavirus.
Pour ce qui est des saunas, les scientifiques espagnols indiquent dans leur étude que la température, qui dans ces endroits dépasse les 60°C réduit considérablement les chances de survie du SARS-CoV-2.
Ceci étant établi, pourquoi ces établissements demeurent-ils fermés ? Parce que c’est le reste des infrastructures qui constitue un danger. Les douches, vestiaires, casiers et autres voies d’accès au bassin ou au sauna constituent autant de zones à risque où le contact est difficile à éviter et où l’hygiène peut parfois être aléatoire.
A l’instar des autres installations sportives, le gouvernement travaille à une réouverture à l’horizon du 2 juin. Une date qui n’a rien de sûr puisque tout va dépendre de la situation épidémique et donc de la circulation active du virus.
Lacs et rivières : la prudence reste de mise
Ce sont les deux milieux aquatiques où, pour la plus grande malchance de l’homme, le virus semble le mieux s’acclimater.
Dans son rapport, le Conseil supérieur de la recherche scientifique espagnol estime en effet que «la survie du SARS-CoV-2 dans l'eau (...) non traitée peut être supérieure» à celle dans les eaux traitées ou salées.
En clair, Les «milieux aquatiques les plus déconseillés» sont, selon eux, «les rivières, les lacs» et d’une façon générale, tous les plans d’eau douce non traitée. Pour limiter les risques, les experts recommandent donc «des mesures de précaution pour éviter les foules».
Enfin, la température de l’eau pourrait elle aussi jouer un rôle dans la capacité du virus à se transmettre ou non du virus d’après plusieurs études américaines.
A cet égard, franceinfo cite des travaux remontant à 2009 dans lesquels les chercheurs ont étudié sur une période de six semaines le comportement de deux sortes de coronavirus dans des eaux de lac de température différente.
Leurs résultats tendent à prouver que la contagiosité de ces virus diminuait plus rapidement dans une eau à 25 ° C qu’à 4 ° C. A 25 ° C, les virus n’étaient quasiment plus infectieux au bout d’une trentaine de jours, tandis que dans l’eau à 4 ° C, seule une très faible baisse de la contagiosité a pu être constatée à partir de quatorze jours.