Plusieurs plages vont rouvrir mercredi dans l'ouest de la France, nouvelle étape d'un retour très progressif à la normale, avec également un premier Conseil des ministres depuis le déconfinement, dans lequel l'exécutif joue gros face aux craintes d'une nouvelle vague de l'épidémie de coronavirus.
Depuis 8H00, les Français habitant aux abords de la Baule et du Pornichet peuvent aller se baigner, courir ou se livrer à toute «activité dynamique» sur une des deux plages. En revanche, pas question de s'asseoir, de s'allonger et encore moins de pique-niquer, selon l'arrêté préfectoral du 12 mai.
Objectif: éviter les attroupements au troisième jour du déconfinement, comme ceux constatés depuis lundi dans certains quartiers parisiens, et garantir la distanciation physique pour éviter une nouvelle vague de l'épidémie.
Des plages de la Méditerranée à la mer du Nord en passant par l'Atlantique, pourraient également rouvrir dès ce week-end pour des promenades ou du sport, selon plusieurs préfets.
Pour les Parisiens, la réouverture des parcs et des jardins, réclamée par la maire Anne Hidalgo, butte sur le refus du gouvernement. «C'est une question de santé publique», a encore plaidé la socialiste mercredi sur RMC-BFMTV, s'étonnant que l'on puisse «prendre le métro mais pas marcher dans un parc».
Pour tenter de convaincre le gouvernement, elle propose un filtrage des entrées pour éviter une surfréquentation des parcs et jardins, ainsi que le port du masque obligatoire.
«Masque et distance»
«C'est une décision des autorités locales, à elles de voir si elles vont pouvoir contrôler les personnes qui risquent d'oublier dans une environnement plus ludique qu'on est face à un virus. C'est l'avantage du masque, il rappelle que le virus est là, nous ne sommes pas revenus au monde d'avant», a estimé mercredi la Pr Anne-Claude Crémieux, infectiologue à l'hôpital Saint-Louis à Paris.
«La seule chose qu'il faut garder en tête, c'est la distance et le masque», a-t-elle insisté, sur franceinfo.
Le troisième jour de la lente remise en route du pays commence lesté par un bilan en hausse: 348 nouveaux décès enregistrés en 24 heures mardi soir, portant à au moins 26.991 morts depuis le 1er mars le bilan d'une épidémie «toujours active» en France.
La pression sur les services d'urgence continue cependant de s'alléger régulièrement avec 2.543 patients en réanimation, soit 170 de moins que la veille. Au plus fort de l'épidémie, le 8 avril, les services de réanimation accueillaient plus de 7.000 cas graves.
A l'Elysée, le président et son gouvernement vont adopter, lors d'un Conseil des ministres entièrement consacré à l'épidémie, une longue série de projets de loi habilitant les dizaines d'ordonnances prises dans l'urgence dans de nombreux domaines, de l'économie à la justice en passant par l'éducation et le travail.
Le ministre de la Santé Olivier Véran fera en fin de Conseil une communication sur l'état de l'épidémie en France, tandis que le Premier ministre Edouard Philippe doit évoquer, selon l'ordre du jour, «la reconnaissance de la Nation à l'égard de ceux qui se sont dévoués lors de l'épidémie de Covid-19».
Foyers épidémiques
Dans la matinée également, les sénateurs de la commission des Lois doivent entendre les représentants de l’Assemblée des départements de France, de Régions de France et de l'Association des maires de France, au moment où, partout sur le territoire, les élus s'évertuent à adapter le déconfinement à leurs réalités locales.
Enjeu majeur, des milliers d'écoles ont commencé timidement à rouvrir leurs portes, en se pliant à un protocole sanitaire inédit, sur fond d'inquiétudes toujours fortes quant à la circulation du virus.
Au coeur d'un ouest de la France pourtant entièrement classé en zone «verte", onze personnes ont ainsi été testées positives au Covid-19 parmi les quelque 700 salariés d'une entreprise de l'agroalimentaire en Vendée. Quarante-six autres l'ont été depuis le 1er mai au sein du centre hospitalier de Lannion (Côtes-d'Armor).
Dans les écoles maternelles et élémentaires, face aux inquiétudes des enseignants et des familles, les règles d'accueil ont été complètement chamboulées, avec port du masque obligatoire pour les enseignants et respect, autant que possible, des gestes barrière.
Ardent défenseur de cette réouverture limitée et encadrée, le ministre de l'Education, Jean-Michel Blanquer, a salué une «amorce» qui doit permettre de relancer la machine avant la réouverture de certains collèges la semaine prochaine.
Pour tenter d'apaiser les esprits, l'exécutif a laissé aux parents le choix de ramener ou non leurs enfants à l'école lors de cette rentrée très particulière, qui s'échelonnera tout au long de la semaine, dont jeudi à Paris, et concernera potentiellement 1,5 million d'élèves.
Pas de quoi rassurer les syndicats qui ont dénoncé une décision «prématurée» et rappelé que le conseil scientifique, chargé d'éclairer le gouvernement, s'était lui-même prononcé pour la fermeture des établissements jusqu'en septembre.
Avec le début du déconfinement, les autorités gardent aussi un oeil sur l'Allemagne ou la Corée du Sud qui ont dû rétablir des restrictions après de nouveaux cas de contamination faisant craindre une deuxième vague épidémique.