La crise du coronavirus met en souffrance de nombreuses sociétés françaises, y compris certains des plus grands fleurons de l'économie hexagonale. Plusieurs d'entre eux ont d'ores et déjà pu bénéficier des mesures d'aide aux entreprises mises en place par l'Etat.
FNAC DARTY
C'est la première grande entreprise à avoir obtenu un coup de pouce financier de l'Etat depuis le début de la pandémie de coronavirus. Le groupe Fnac Darty, spécialisé dans la distribution d'électroménager et de produits culturels, a bénéficié le 19 avril d'un prêt de 500 millions d'euros, dont 70 % garantis par l'Etat, souscrit auprès d'un pool de banques.
En échange, la firme tricolore, dont l'ensemble des magasins physiques sont fermés en France, en Espagne, en Suisse, en Belgique depuis la mi-mars, a renoncé à verser un dividende à ses actionnaires au titre de l'exercice 2019. Il s'agissait d'une condition sine qua non pour obtenir un prêt garanti par l'Etat, dont 90 % des bénéficiaires étaient des TPE (très petites entreprises) à la date du 24 avril. Fnac Darty s'est également engagée à réduire de 25 % la rémunération globale de son PDG, Enrique Martinez, ainsi que celle des membres du conseil d'administration, tant que ses salariés seront en chômage partiel en raison de la crise sanitaire.
Air France
Alors qu'une nationalisation avait un moment été évoquée par certains observateurs, la compagnie aérienne Air France a finalement obtenu une aide à hauteur de 7 milliards d'euros, a annoncé le ministre de l'Economie Bruno Le Maire sur TF1 le 24 avril. Ce soutien se décompose en 4 milliards de prêts bancaires garantis à 90 % par l'Etat, et 3 milliards de prêt direct de l'Etat français. Un soutien massif, qui a reçu le feu vert de la Commission européenne ce lundi 4 mai, alors que les restrictions de voyage mises en place aux quatre coins du monde ont drastiquement réduit l'activité de la compagnie.
Mais ces prêts ont été soumis à deux conditions : que l'entreprise améliore sa rentabilité et, surtout, qu'elle réduise ses émissions de CO2, afin qu'elle «devienne la compagnie aérienne la plus respectueuse de l'environnement de la planète», a expliqué Bruno Le Maire sur France Inter ce lundi. Un objectif qui passera notamment par la suppression de certaines lignes intérieures, a indiqué le locataire de Bercy. De son côté, la compagnie néerlandaise KLM, qui forme avec Air France le groupe Air France-KLM, devrait prochainement obtenir une aide de deux à quatre milliards d'euros des Pays-Bas sous forme de prêts et garanties.
Europcar
Après Fnac Darty et Air France, Europcar a été la troisième grande entreprise française à obtenir un coup de pouce financier de l'Etat. Le leader européen de la location de voitures, qui a son siège en France, a annoncé dimanche 3 mai avoir souscrit auprès de douze banques un prêt de 220 millions d'euros, garanti par l'Etat français à hauteur de 90 %. Le loueur, très présent dans les aéroports, souffre en effet de l'arrêt quasi total du trafic aérien et de la chute du tourisme.
Ce prêt a été conditionné par l'Etat au non-versement de dividendes aux actionnaires de la firme en 2020 et 2021. Europcar s'est également engagée à limiter son endettement et à réduire de 25 % le salaire d'avril à décembre des trois membres du directoire. C'est la seconde aide d'Etat obtenue par la société, présente dans 140 pays, elle qui s'est déjà vue octroyer 67 millions d'euros de prêts garantis à 70 % par l'Espagne.
Et ensuite ?
D'autres multinationales pourraient, dans un avenir proche, bénéficier d'une aide de l'Etat français. On pense en particulier à Renault. Dans un marché automobile foudroyé par la crise du coronavirus (-89 % pour les immatriculations en France en avril, après -72 % en mars), un prêt garanti par l'Etat de 5 milliards d'euros est à l'étude, a annoncé Bruno Le Maire le 24 avril.
Frappé par la chute des cours du pétrole, le parapétrolier Vallourec - qui fabrique notamment des tubes pour l'industrie pétrolière - est également candidat à un soutien financier de l'Etat. La banque publique d'investissement Bpifrance, qui détient 15 % de l'entreprise, s'est dit prête à monter au capital de Vallourec en participant à l'opération de recapitalisation votée par l'assemblée générale de la firme le 6 avril dernier.
De son côté, Conforama, numéro trois de l'ameublement en France, a déposé une demande de prêt garanti par l'Etat, destiné à l'aider à faire face à la fermeture de ses magasins pour cause de coronavirus. Mais les discussions avec ses banques n'ont pas encore abouti.