Port du masque dans l'espace public, crèches et écoles rouvertes sous conditions, développement de voies dédiées au vélo: les élus réunis mardi, lors d'un Conseil de Paris exceptionnel, ont esquissé les contours d'un plan de déconfinement dans la capitale.
Avec des masques, ou sans, à l'instar de la maire PS de Paris Anne Hidalgo, et à un mètre de distance les uns des autres, 43 élus sur 163 (maires d'arrondissement, adjoints de la maire, présidents de groupe et élus) se sont rassemblés pour débattre ensemble des premières mesures, avant un déconfinement prévu à partir du 11 mai.
Avant le discours du Premier ministre, qui a fixé les grandes lignes de la stratégie nationale de déconfinement, les élus parisiens ont notamment voté pour "la reprise de l'activité municipale" dans le respect "des règles de prévention, sécurité et protection", "la réouverture des crèches, écoles et collèges conditionnée et proportionnée à la capacité à protéger les élèves et l'ensemble de personnes", la "mise à disposition gratuite de gel hydro-alcoolique dans l'espace public et dans tous les lieux, publics ou privés, accueillant du public".
Ont également été votés "le principe du port de masques sur l'espace public et dans les transports en commun" et "le développement des voies dédiées au vélo et à la marche", en vertu d'un voeu porté par les socialistes, communistes, écologistes, radicaux de gauche et élus de Générations et de l'UDI-MoDem.
Le Conseil de Paris s'est par ailleurs engagé à présenter en juillet "un plan de relance de l'économie coconstruit avec les groupes politiques du Conseil de Paris, les maires et élus d'arrondissement".
Alors que la situation est dramatique dans les EHPAD, Anne Hidalgo a promis de faire "des propositions de réorganisations drastiques", pour que "les maires d'arrondissement puissent avoir un accès direct".
Au cours du débat, l'opposition n'a parfois pas ménagé ses critiques, comme la candidate LR aux municipales, Rachida Dati, qui a fustigé l'exécutif parisien. "Voilà dix jours, des annonces dans la presse ont été faites par l'exécutif (sur un plan de déconfinement) sans débat, sans même concertation avec les maires d'arrondissement", a-t-elle déploré.
"Le plan de déconfinement doit s'organiser autour des maires d'arrondissement qui sont de véritables pivots", a plaidé la candidate LR, et "la Ville doit prendre désormais des mesures fortes pour désinfecter le matériel urbain". Favorable à l'obligation du port du masque, l'élu de centre-droit, Pierre-Yves Bournazel, veut "sanctionner ceux qui n’en portent pas".
Sur le volet social, le président du goupe PPCI (macronistes de droite) Jérôme Dubus a lui appelé à "réduire le loyer de tous les locataires (des logements sociaux) à hauteur de leur pouvoir d'achat perdu, et étaler ce qui n'aura pas pu être payé sur les mois suivant la sortie de crise".
Dans la matinée, les élus ont salué la mémoire de leurs anciens collègues décédés du Covid-19, l'ex-conseiller PCF de Paris Henri Meillat (élu de 1971 à 1983), l'ancienne conseillère de Paris et députée PS Danièle Hoffman-Rispal (1995-2008), et l'ancien conseiller PS de Paris Alain Le Garrec (1995-2008).
Anne Hidalgo a également rendu hommage à l'ancien ministre sarkozyste Patrick Devedjian, "un collègue avec lequel nous avons travaillé à la construction de la métropole", et honoré "la mémoire de toutes les victimes parisiennes, notamment les 12 agents du service public parisien". L'édile a également proposé que la citoyenneté d'honneur de la Ville de Paris soit remise, lors du prochain conseil, prévu le 18 mai, aux "soignants, médecins de ville, infirmières, personnels de l'AP-HP et des cliniques privées".