Mardi 21 avril, Olivier Véran a déclaré à l'Assemblée nationale que le Covid-19 sera reconnu automatiquement comme maladie professionnelle pour le personnel soignant uniquement. Les autres devront passer par la procédure classique.
La question du caractère automatique de la reconnaissance du Covid-19 comme maladie professionnelle est au centre des débats, et à juste titre. Sa reconnaissance permet une prise en charge à 100% des frais médicaux mais permet aussi de recevoir une indemnité en cas d'incapacité temporaire ou permanente. En cas de décès, les ayants droits peuvent également percevoir une rente.
Le personnel soignant touché par le Covid pourra donc bénéficier de ces avantages automatiquement, une première en France. En revanche, les autres professions, elles, devront fournir la preuve d'un lien essentiel entre la pathologie et leur travail, devant un comité spéciale. «Ca risque d'être le parcours du combattant», juge Jean-Michel Sterdyniak, secrétaire général du Syndicat national des professionnels de la santé au travail.
«Il faudra que les conséquences de la maladie donnent lieu à un taux d'incapacité permanente supérieur à 25%», continue-t-il. Traduction : «une personne qui aurait contracté le Covid-19 sur son lieu de travail et qui aurait guéri sans séquelle ne pourra pas être reconnue comme maladie professionnelle». Car, pour l'instant, le Covid-19 n'est pas inscrit dans le tableau des maladies professionnelles.
Une décision «inadmissible» pour un syndicat de police
Devant la complexité de la procédure, d'autres professions demandent elles aussi à bénéficier du caractère automatique de la reconnaissance du Covid-19 comme maladie professionnelle.
La décision d'Olivier Véran de la circonscrire au personnel soignant est jugée «inadmissible» pour Denis Jacob, secrétaire général du syndicat minoritaire Alternative Police. «Cela revient à considérer les policiers comme des sous-fonctionnaires», assure-t-il en rappelant que les policiers n'ont pas pu être équipés de masques par l'Etat. Le syndicat Alliance, lui, préfère temporiser et se réfère au courrier du 7 avril adressé par le ministère de l'Intérieur à celui de la Santé et des Comptes publics. Dans cette missive, Christophe Castaner enjoint ses collègues, Gérald Darmanin et Olivier Véran, à accorder aux policiers «au contact du public» la «présomption d'imputabilité» du Covid-19 à leur métier. «Il faut qu'Olivier Véran et Christophe Castaner se mettent d'accord quitte à ce que le Premier ministre tranche», affirme-t-on à Alliance.
Des entrepreneurs de pompes funèbres ont également demandé aux représentants de l'exécutif de «considérer le Covid-19 comme une maladie professionnelle pour les salariés contaminés». Plus généralement, l'Académie de médecine s'est dite aussi favorable à ce que cette mesure ne bénéficie pas qu'aux seuls personnels de santé mais aussi à ceux qui travaillent pour «le fonctionnement indispensable du pays».
Deux associations, la Fnath (association des accidentés de la vie) et l'Andeva (association nationale des victimes de l'amiante), dans un communiqué mercredi, se sont offusqués que le personnel non-soignant «devra engager des procédures longues, coûteuses, et vraisemblablement vouées à l'échec». Cette décision serait le reflet du «mépris affiché par le gouvernement avec une indemnisation au rabais pour ceux qui ont risqué jusqu'à leur vie pour assurer à une population confinée une garantie de soin, d'alimentation et de livraison».