Un accident de moto impliquant un habitant d’un quartier de Villeneuve-la-Garenne (Hauts-de-Seine) et la police s’est produit samedi 18 avril, entraînant l’hospitalisation du conducteur. Depuis, les versions s’affrontent sur le déroulé des faits et des affrontements ont lieu avec les forces de l’ordre.
Des faits encore flous
Samedi, aux alentours de 22h, un homme de 30 ans, qui circulait sans casque sur une moto-cross, a heurté la portière ouverte d’une voiture de police banalisée et à l'arrêt. Sa chute lui a causé une fracture ouverte du fémur (la rumeur circulant sur les réseaux sociaux selon laquelle sa jambe avait été coupée est fausse).
Si les circonstances exactes de l’accident sont encore floues, la préfecture de police a indiqué que le blessé roulait «à vive allure» au moment d’arriver à hauteur du véhicule des forces de l’ordre. Il avait auparavant été repéré en train de rouler à contresens, dans ce qui s’apparentait à un «rodéo», avance Le Point, qui s'appuie sur des rapports de police. «L’équipage a ouvert la portière avant-droite» afin de sortir pour le contrôler. Il l’a alors percuté et a «fini sa course dans un poteau».
Selon sa famille, le trentenaire, défavorablement connu de la justice (il est sous contrôle judiciaire pour menaces de mort et doit être jugé en juillet, rapporte France Bleu), était sorti pour mettre de l’essence dans la moto. Son beau-frère accuse les policiers d’avoir volontairement provoqué l’accident. «Ils n’avaient pas allumé de gyrophare, ils regardent dans le rétro, il passe et comme par hasard «boum» ils ouvrent la portière», a-t-il déclaré à l’AFP.
La préfecture de police nie ses allégations, expliquant que les portière ont été ouvertes pour que les agents sortent du véhicule et que le motard a d’ailleurs «manqué de renverser le chef de bord».
Le blessé a porté plainte
Opéré avec succès de sa jambe gauche dimanche, le motard a porté plainte ce lundi 20 avril.
La plainte pour «violences en réunion avec arme par destination par personnes dépositaires de l'autorité publique» a été déposée auprès du parquet de Nanterre, a précisé son avocat, Stéphane Gas. L'Inspection générale de la police nationale (IGPN, la «police des polices») a également été saisie, a précisé le parquet à l'AFP lundi.
Une enquête a été ouverte pour «l’ensemble des faits de l’accident», ainsi que pour les outrages et menaces de mort dont ont été la cible les policiers.
Échauffourées à Villeneuve-la-Garenne
Comme samedi, des heurts ont éclaté dimanche soir entre certains habitants de Villeneuve-la Garenne et les forces de l’ordre. Ces dernières ont dû essuyer des tirs de mortiers, tandis que des voitures et du mobilier urbain ont été incendiées. Cela a commencé autour de minuit et a duré environ une heure, ont indiqué les riverains. Du gaz lacrymogène a été utilisé par la police. Quelques feux d’artifice ont continué d’être tirés de façon sporadique une fois le «calme» revenu.
Lundi soir, de nouveaux actes de violences ont été constatés.
La situation est toujours tendue à #VilleneuveLaGarenne. pic.twitter.com/ov28w1EgQQ
— Remy Buisine (@RemyBuisine) April 19, 2020
D’autres banlieues qui s’embrasent ?
En marge de ces échauffourées à Villeneuve-la-Garenne, plusieurs affrontements ont eu lieu, dimanche et lundi soir, dans d’autres quartiers de la banlieue parisienne. A Suresnes (Hauts-de-Seine), la police a également dû essuyer des tirs de mortier et des feux ont été allumés. A Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), des poubelles ont été embrasées.
#confinement à #Suresnes : les Cités Unies s'embrasent @LeParisien_92. @christiandupuy la PM sur répondeur ? pic.twitter.com/bJBdyaLTJb
— Laurent Fantino (@fantinolaurent) April 19, 2020
Selon une source policière, les forces de l'ordre ont été victimes de plusieurs «guet-apens» dans le quartier des 3.000. Véhicules et policiers en intervention ont été la cible de tirs de mortiers artisanaux, des feux d'artifice transformés en projectiles. Quatre agresseurs présumés ont été interpellés, selon cette même source.
Si ces violences au lendemain de l’accident laissent à penser qu’elles y sont liées, il n’est pas possible pour l’heure de le certifier, les délinquants n’ayant pas revendiqué leurs actes.