Bien qu'Emmanuel Macron ne l'ait pas évoquée lors de son allocution télévisée du lundi 13 avril, la prolongation du confinement jusqu'au 11 mai pose la question de la date à laquelle pourra se tenir le second tour des élections municipales, reporté pour cause de coronavirus. Plusieurs scénarios se dessinent.
Garder la date du 21 juin 2020
Au lendemain du premier tour des municipales, marqué par une abstention record (56 %), le 16 mars dernier, Emmanuel Macron a annoncé le report du second tour du scrutin, initialement prévu le 22 mars, sans donner plus de précisions sur la date. Le lendemain, la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye a été plus concrète, indiquant qu'il se tiendrait «idéalement le 21 juin». La décision de maintenir cette date du 21 juin sera prise le 23 mai, a rappelé le Premier ministre Edouard Philippe le 2 avril. Pourquoi le 23 mai ? Car le gouvernement doit recevoir ce jour-là un rapport rédigé par des scientifiques sur l'état des lieux de l'épidémie de coronavirus.
Mais d'Europe Ecologie Les Verts (EELV) au Rassemblement national (RN), les partis d'opposition anticipent déjà un nouveau report et ne s'y opposeront pas. «C'est une quasi-certitude que le deuxième tour n'aura pas lieu en juin», affirme le patron des sénateurs Les Républicains (LR) Bruno Retailleau, rejoignant le premier secrétaire du Parti socialiste (PS) Olivier Faure ou encore le président du groupe MoDem à l'Assemblée Patrick Mignola. «Il y a une impossibilité sanitaire de mener des élections municipales en juin. Au moment où il faudra remettre en route l’économie et les services publics, les élus auront autre chose à faire que de mener campagne», abonde dans Le Monde le président de l’UDI Jean-Christophe Lagarde.
Reporter de nouveau le scrutin, à octobre 2020
L'idée d'un nouveau report du second tour des municipales semble donc être l'hypothèse qui tient la corde. Mais quand ? Le mois d'octobre 2020 est évoqué par l'exécutif. «Si on fait le constat en mai, qu'en juin il n'est pas possible d'organiser le deuxième tour, ce que beaucoup des observateurs ou des acteurs de la vie politique pressentent ou ressentent (...), il faudra décaler cette élection, peut-être en octobre, peut-être après», a expliqué Edouard Philippe au cours d'une réunion en visioconférence avec les présidents de partis le 2 avril. Selon Le Figaro, Emmanuel Macron a lui aussi évoqué cette date d'octobre 2020 lors du conseil des ministres le 1er avril. Dans ce cas, il faudra alors «une loi pour organiser les choses» et le Parlement devra se prononcer, a précisé Edouard Philippe.
Mais si le scrutin ne peut se tenir en juin 2020 et doit être encore reporté, il faudra alors recommencer tout le processus dans les villes où le maire n'a pas été élu au premier tour, précise la loi d'urgence du 23 mars pour faire face à l'épidémie de Covid-19. C'est-à-dire que, dans les 4.922 communes où les conseillers municipaux n’ont pas été entièrement désignés dès le premier tour, il faudra organiser un premier et un second tour. Un nouveau report du second tour des municipales aurait une autre conséquence : le report des élections sénatoriales, prévues en septembre. Le scrutin municipal doit en effet obligatoirement se tenir avant, puisque les sénateurs sont élus par un collège de grands électeurs dont font partie les conseillers municipaux. Dans ce scénario, les sénatoriales pourraient soit se dérouler en décembre 2020, soit en septembre 2021.
Reporter de nouveau le scrutin, à mars 2021, en même temps que les régionales et les départementales
Une autre solution évoquée par plusieurs responsables politiques serait de regrouper les deux tours des municipales avec les élections régionales et départementales en mars 2021. Une option notamment défendue par la vice-présidente du MoDem Marielle de Sarnez, le président du groupe socialiste au Sénat Patrick Kanner, ou encore Jean-Christophe Lagarde (UDI), qui estime la tenue du scrutin «impossible sanitairement en juin et impossible politiquement à l'automne prochain», où la crise du coronavirus occupera encore trop les esprits.
Mais trois élections simultanées en 2021, cela ferait «beaucoup de choses à la fois. L'expérience montre que la concomitance des scrutins représente un gros défi logistique pour les communes», souligne à l'AFP un spécialiste du scrutin. Il s'agit d'élections différentes et les municipalités devraient alors tripler les équipes d'accueil dans les bureaux de vote, démultiplier les urnes et le nombre d'assesseurs.
Outre les difficultés matérielles, un regroupement des trois élections en mars 2021 aurait des conséquences politiques dans la dernière année du quinquennat. Ce triple scrutin deviendrait en effet un enjeu crucial, au-delà du poids habituel des élections intermédiaires, à tout juste un an de la présidentielle 2022.