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Surconsommation, culpabilité, reprise... Comment les fumeurs vivent-ils le confinement ?

Certains fumeurs ont accéléré leur consommation depuis le confinement (photo d'illustration). [FAYEZ NURELDINE / AFP]

Stress, ennui… en cette période d'épidémie, nombreuses sont les raisons de griller quelques cigarettes supplémentaires. Des fumeurs nous ont raconté l'impact du confinement sur leur consommation.

Avant les mesures restrictives, instaurées le 17 mars dernier, elle avait arrêté le tabac et s’était mise à la cigarette électronique. Céline (44 ans) fume désormais trois cigarettes par jour «à l’heure de l’apéro», en compagnie de sa sœur Lucie (29 ans). Cette dernière, elle, avait un rythme de «4 à 5 cigarettes par jour», «environ un paquet et demi par semaine». Sa consommation a maintenant doublé.

Les raisons de cette augmentation ? Les «circonstances exceptionnelles» et l’ennui, ont répondu en chœur les deux sœurs. Confinées dans le centre-ville de Lyon, elles n’abordent pas cette reprise, ou sur-consommation de cigarettes, avec le même point de vue.

Le première ne culpabilise pas. Elle affirme qu’elle «arrêtera de nouveau à la fin du confinement». La quadragénaire fait toutefois attention à ne pas reprendre de vieux réflexes, en «faisant attention à ne pas fumer de nouveau en journée» par exemple. Lucie ressent, elle, de la culpabilité : «Je l’ai senti au niveau de mes poumons, quand je me suis remise à courir (rires)», a confié la Lyonnaise qui n’a pas d’appréhension quant à l’avenir. «Tout rentrera dans l’ordre une fois le confinement terminé».

«un moyen de me sentir mieux»

Un optimisme partagé par Chloé. Confinée seule à Paris, elle a également augmenté sa consommation. «Mais je ne culpabilise pas du tout car je me dis qu’on vit une période très difficile, explique-t-elle. Si la cigarette est pour moi un moyen de me sentir mieux, même si c’est nocif pour ma santé, je le prends. C’est un plaisir comme un autre pour moi. Je n’ai pas envie de me m’en priver déjà que la situation est difficile».

Depuis quelques mois, la jeune femme de 25 ans avait pourtant commencé à diminuer sa dose quotidienne de nicotine : «J’utilisais régulièrement la cigarette électronique et j’ai pu réduire ma consommation à trois ou quatre cigarettes par jour, soit environ un paquet par semaine».

A présent, Chloé «ne vapote plus du tout» et «fume environ 6 ou 7 cigarettes par jour». Ce qui représente «le double de (s)a conso habituelle, deux paquets par semaine».

En cette période compliquée sur le plan mental, vapoter ne suffit plus pour certains, et les arguments pour allumer quelques cigarettes de plus sont multiples. «D’abord l’ennui, très certainement, selon Chloé. Ensuite, à cause du stress lié à l’actualité, particulièrement anxiogène en ce moment». Elle voit aussi cette surconsommation comme une «réponse au télétravail».«Quand je suis physiquement au travail, je fais deux ou trois pauses cigarettes par jour. Mais quand on est seul chez soi, on est plus tenté d’en allumer une à n’importe quel moment», explique-t-elle.

«JE N’ALLAIS PAS EN RAJOUTER UNE COUCHE AVEC LA CIGARETTE»

Un sentiment d'isolement dont Antoine n’est pas victime. Confiné dans l’Oise, en famille, le jeune homme de 26 ans «ne fume plus du tout depuis le début du confinement». «Ça a été radical », poursuit-il. En «temps normal», Antoine fumait «un paquet et demi, voire deux par semaines»,«surtout au travail ou avec les amis».

Autre argument déterminant : la reprise du sport. «Au début du confinement, je me suis fait quelques footings et je me suis dit, c’est peut-être le moment d’en profiter pour faire une pause avec la clope pour laisser respirer les poumons. Le but était de voir si je constatais une différence et je la vois», confie-t-il. Désormais avec sa famille, dans laquelle personne ne fume, «c’est plus simple». «Je n’ai pas la tentation d’avoir des cigarettes à côté de moi». 

Allergique au pollen, Antoine a aussi été sensible à certaines hypothèses qui affirment que les fumeurs sont plus vulnérables une fois atteint du Covid-19 : «je me suis dit que je n’allais pas en rajouter une couche. Il y a un peu de peur aussi. La maladie s’attaque aux poumons. En étant fumeur, on aggrave un peu notre cas, sans trop savoir. C’est une petite appréhension qui aide».

Pour ceux qui ont peur de replonger, des recours sont disponibles. Que l'on souhaite profiter du confinement pour arrêter ou simplement se faire accompagner, comme le martèle l'addictologue Stephanie Ledel. Elle rappelle que «tous les professionnels de l’apaisement, de l’écoute», comme les psychiatres ou les psychologues, exercent par «voies dématérialisées comme le téléphone, visio ou les réseaux sociaux». 

S'aider d'addictologues, psychiatres ou psychologues 

«On a aussi un rôle à jouer pour que les gens soient dans une meilleure santé, insiste l'addictologue. Je prône le fait que l’on puisse nous financer des consultations anti-tabac. Car je suis convaincue, pour avoir vu une étude, qu'il y a 2,5 fois plus de risque d’être en réanimation ou mort du coronavirus si on est fumeur. C’est une vulnérabilité respiratoire».

Pour Stéphanie Ledel, s'il ne faut pas en revanche pas se frustrer et arrêter, surtout si le tabac est un besoin pour l'équilibre du consommateur, il est tout de même nécessaire de faire attention car «beaucoup vont passer de la distraction à un sillon addictif». 

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