Début avril, ils étaient encore 20.000 à être à l'étranger, bloqués à cause des premières mesures de confinement prises par plusieurs pays au début de la pandémie. L'immense majorité de ces voyageurs Français sont aujourd'hui rentrés, un plan qui ne s'est pas déroulé sans accrocs.
Il fallait parfois être très patient pour avoir des nouvelles des ambassades, surchargées de demandes. Et lorsqu'elles répondaient, les réponses n'étaient pas toujours aux rendez-vous. Bloquée en Australie au milieu d'un tour du monde en couple qui devait durer six mois, Julie raconte que «le consulat de Perth (au sud-ouest de l'Australie, ndlr) ne voulait ou ne pouvait rien nous dire.
L'ambassade a mis en place un numéro centralisé, mais les personnes ne voulaient pas s'engager ou promettre quoi que ce soit». Dans son cas, des groupes WhatsApp et Facebook ont été mis en place pour informer le plus rapidement possible, avec des animateurs qui répondaient aux questions.
Des escales à prendre à compte
En Nouvelle-Zélande, le constat est encore plus difficile pour Franck, un jeune Français qui venait de passer plusieurs mois dans le pays. Il assure s'être senti «un peu abandonné», même si la situation s'est améliorée avec le temps. «Il y a un gros écart entre le discours du gouvernement français et celui de l'ambassade», regrette-t-il, reconnaissant cependant la complexité de la situation.
L'une des explications à ces difficultés est la distance très importante de ces régions. «C'est compliqué de rentrer d'Australie, car il faut faire une escale», assure Julie. Dans ce contexte, il n'est pas impossible de se retrouver bloqué dans un autre pays après avoir pris un premier vol. C'est d'ailleurs ce qui aurait pu se produire, puisque qu'après avoir pris des billets pour rentrer à Paris en faisant escale à Tokyo et Düsseldorf, son deuxième avion a été annulé. Julie a donc dû annuler le tout, commander d'autres billets à la hâte, pour un coût total de 1.500 euros par personne, avec un retour en France le 29 mars. «J'ai de la chance car j'avais de la trésorerie et des amis en France pour m'aider et avancer de l'argent, mais tout le monde n'est pas dans mon cas», reconnaît-elle.
«débrouillez-vous» et des billets hors de prix
Car en effet, si le gouvernement français négocie avec les compagnies pour que ces dernières ne profitent pas de la situation, toutes n'ont pas fait les mêmes efforts. «Les prix allaient parfois du simple au triple, avec par exemple des billets retour depuis le Japon à 3.000 euros, explique Baptiste Lo-Presti, porte-parole d'Air Indemnité. Malheureusement, il y a une zone de flou, et les voyageurs ne peuvent pas faire grand-chose. Le gouvernement ne peut pas contraindre les compagnies à baisser leurs tarifs».
Mais même avec un billet abordable, et une ambassade particulièrement réactive, les difficultés continuent. Pour Joseph, retraité et en voyage au Pérou avec sa femme, c'est l'arrivée en France qui a été un problème : «Nous avons été acheminé à l'aéroport militaire en dehors de Lima en bus par un convoi spécial escorté par la police, et je veux saluer le travail de l'ambassade. Le vol s'est bien passé, mais une fois arrivés à Paris, personne.»
Le couple reçoit une attestation de la part de la police aux frontières, prouvant qu'ils viennent de rentrer en France et peuvent circuler pour se rendre à leur domicile. Mais cela sans aucun contrôle sanitaire, ce qui surprend Joseph alors qu'à Lima, «l'on prend votre température lorsque vous faites les courses». Résidant sur la côte ouest, ces retraités prennent donc la direction de la gare Montparnasse. «Nous avons pris un taxi, à la gare, il n'y avait rien d'ouvert pour se mettre au chaud, manger quelque chose ou même aller aux toilettes. Une fois à Paris, c'était : "débrouillez-vous"». S'ensuivent alors plusieurs heures d'attente qui s'avéreront douloureuses. «Nous revenions d'un pays chaud, comme beaucoup de personnes, et nous étions frigorifiés», conclut Joseph.
Des vols européens en fonctionnement
Il faut cependant rappeler que tous n'en sont pas encore là. Quelques milliers de Français attendent toujours de pouvoir rentrer alors qu'ils sont bloqués dans des zones difficiles d'accès. Jean-Yves Le Drian a récemment fait mention des Philippines, du Pérou, de l'Himalaya ou encore de la Nouvelle-Zélande, «parce que l'espace aérien et les aéroports sont fermés». Deux vols ont cependant réussi à être organisé entre le 7 et le 11 avril depuis Auckland. Ce qui ne suffit pas encore à régler la situation puisque l'ambassade estimait le nombre de Français bloqués à 2.700 au 5 avril.
Des vols européens sont également organisés les 12 et 13 avril à destination de Francfort. «Chaque passager intéressé devra trouver son moyen de transport pour rejoindre son domicile en France», explique cependant l'ambassade sur ses réseaux sociaux. Au vu de la situation, il est donc probable que le rapatriement des derniers ressortissants prenne plusieurs jours, et continue pendant tout le mois d'avril.