Le tribunal administratif de Cergy-Pontoise a suspendu, ce jeudi 9 avril, l'arrêté pris par le maire UDI de Sceaux (Hauts-de-Seine) Philippe Laurent, en banlieue parisienne, obligeant à ses administrés de plus de 10 ans de se couvrir le nez et le visage avant de sortir.
Plus précisément, la mairie obligeait ses habitants à porter un masque artisanal, une écharpe ou un foulard, «à défaut d'un masque chirurgical ou d'un masque FFP2». «Si on n'a pas de masque on peut faire autre chose, c'est mieux que rien», précise Philippe Laurent.
Les contrevenants risquaient une amende de 38 euros en cas de non respect de l'arrêté municipal.
Le masque «ne peut pas être inutile»
L'édile se basait sur plusieurs avis scientifiques pour justifier sa décision, notamment celui de l'Académie de médecine qui avait jugé vendredi 3 avril qu'un masque «grand public» devrait être rendu obligatoire pour les sorties pendant et après le confinement.
Il regrettait également «l'erreur» du gouvernement qui a «fait en sorte qu'on assimile protection et masques : «c'était un problème parce qu'on n'avait pas de masques». «Ils ont été obligés de dire que le masque n'était pas utile, chacun sait que c'est faux. Il n'est peut-être pas utile à 100 %, en tout cas il ne peut pas être inutile. On sait que le virus se transmet à travers les postillons», expliquait Philippe Laurent.
Sa décision avait également été précipitée par un «net relâchement sur la question du confinement» ce week-end. «Il y avait un monde fou, les gens se croisaient comme d'habitude et sans masque. Ca m'a un peu énervé et c'est irresponsable», précisait-il.
De son côté, le maire LR de la ville de Nice, Chistian Estrosi, va distribuer des masques en tissu à tous les habitants et rendra leur port obligatoire dans les jours à venir.
Anne Hidalgo, la maire de Paris, pense elle-aussi «qu'il faut aller dans ce sens», a-t-elle indiqué mardi 7 avril sur Franceinfo. Pour cela, «deux millions de masques en tissu vont être offerts aux Parisiens» dans les prochains jours.
Un arrêté suspendu
Mais le juge des référés saisi par la Ligue des droits de l'homme (LDH) en a décidé autrement, considérant que le recours à une telle mesure n'était «justifié par aucune circonstance locale et porte une atteinte grave à la liberté fondamentale d'aller et venir et à la liberté personnelle des personnes concernée».
L'arrêté a donc été suspendu, ce jeudi 9 avril. La ville de Sceaux a décidé de faire appel de la décision de le Conseil d'Etat.
[#CommuniquéPresse] Arrêté portant obligation de protéger sa bouche et son nez, @laurent_sceaux, maire de #Sceaux a décidé d’interjeter appel de l’ordonnance devant le @Conseil_Etat https://t.co/tjh2YlEJ29 pic.twitter.com/KsEfhuUuFu
— Ville de Sceaux (@Ville_de_Sceaux) April 9, 2020