Sous pression, La Poste a annoncé qu'elle allait renforcer ses équipes pour distribuer plus souvent la presse, le courrier et les colis, et retrouver dans les quartiers sensibles et les zones rurales une présence éprouvée par le coronavirus.
A partir du lundi 6 avril, La Poste fera appel à «plus de 3.000 personnes» supplémentaires avec des volontaires, des salariés de la filiale Mediapost (distribution de publicités), des intérimaires et des CDD, a relevé Philippe Wahl, PDG de la Poste. L'objectif est de distribuer -si les éditeurs en sont d'accord- la presse quotidienne le lundi ou le mardi d'abord, puis le lundi et le mardi (en plus des mercredis, jeudis et vendredis). Il s'agit aussi de distribuer progressivement les colis et le courrier quatre jours par semaine au lieu de trois actuellement, a détaillé le dirigeant.
Le PDG a expliqué à des journalistes mercredi soir que La Poste avait été obligée de «conforter et réorganiser (son) socle industriel» en réduisant fortement la voilure. Elle s'est recentrée sur ses «missions essentielles» en assurant moins de services, en faisant moins de tournées -sauf pour les livraisons de repas et de médicaments, ainsi que pour rendre visite aux personnes âgées- et en réduisant son réseau à 1.600 bureaux.
«Un service minimum de la Poste»
Depuis lundi 30 mars, le temps de travail de chaque postier dans les établissements courrier-colis a notamment été réduit à trois jours consécutifs, ce qui a pour effet de limiter la distribution du courrier et des journaux les mercredis, jeudis et vendredis. Une sorte de «service minimum de la Poste», a commenté M. Wahl. «Sinon la désorganisation aurait été totale!»
Mais des élus se sont inquiétés de l'abandon des zones rurales et des banlieues, des consommateurs se sont plaints, le monde de la presse s'est ému. Le patron de la Poste a même été convoqué jeudi à Matignon, le Premier ministre Edouard Philippe voulant «s'assurer qu'elle remplit bien toutes ses missions». «L'origine de tout ça, c'est la réduction de la force de travail par le confinement et la maladie», un quart environ des 220.000 postiers étant absents, a expliqué M. Wahl mercredi.
Attaqué par certains syndicats, il a cependant a jugé «marginal» le nombre de droits de retrait dans le groupe public, garantissant que les établissements ne sont pas ouverts si les mesures sanitaires ne peuvent être respectées. Reconnaissant notamment avoir «fait une erreur» en abandonnant «un tunnel» de quatre jours sans distribution de journaux, Philippe Wahl veut maintenant passer à la contre-offensive avec un redéploiement progressif de son activité.
Pas de «police du colis»
Le PDG de la Poste se refuse en tout cas à «faire la police du colis» quand certains appellent à refuser des envois jugés non-essentiels. Il préfère en appeler «à la responsabilité des clients et des chargeurs», compte tenu des circonstances. Par rapport à la normale, les volumes de colis (Colissimo et Chronopost) étaient la semaine dernière en baisse d'environ 15%, le recul étant pour le courrier classique «un peu inférieur à 50%», selon lui.
Philippe Wahl préfère parler d'amélioration progressive des services postaux. «Nous ne savons pas combien de semaines le confinement et la crise du coronavirus vont durer. (...) Il faut garantir la durée et protéger les postières et les postiers dans la durée», a-t-il insisté.
Pour revenir en zone rurale, La Poste veut rouvrir dans la semaine du 6 avril 400 bureaux habituellement tenus par un «facteur-guichetier» (un postier qui tient le bureau en complément de sa tournée) et 600 bureaux supplémentaires dans la semaine après Pâques. Quelque 1.000 agences postales communales sur 6.500 ont en outre été maintenues ouvertes et La Poste dit travailler avec l'Association des maires de France et des présidents d'intercommunalités «pour augmenter autant que possible ce nombre».
Enfin, La Poste a déjà annoncé que 250 bureaux de poste supplémentaires -soit 1.850 bureaux de poste en tout- seraient ouverts dans la semaine du 4 au 10 avril pour le versement des prestations sociales. «Nous allons conserver» ensuite ces bureaux généralement situés dans les quartiers de politique de la ville, a dit M. Wahl.