Alors que les places à l’hôpital se font rares et que soignants et autorités redoutent une saturation des moyens sanitaires, les cliniques et hôpitaux privés s’étonnent que leurs établissements soient aussi peu sollicités, parfois même presque vides. Comment l’expliquer ?
La Fédération de l’hospitalisation privée (FHP) a indiqué que 4.000 lits en réanimation et soins critiques avaient été libérés pour la lutte contre le coronavirus. Un nombre important, si l’on considère que le gouvernement a pour objectif d’arriver à 14.000, voir 14.500 lits d’ici à la fin du mois d’avril (il y en aurait autour de 10.000 actuellement).
Or, le personnel soignant du privé et la FHP regrettaient la semaine dernière que «dans plusieurs régions y compris parmi les plus touchées, (des lits libérés) restent vides ou sous-occupés. Les médecins et anesthésistes libéraux des établissements privés sont peu sollicités».
le plan blanc pose une hiérarchie entre les établissements
Ils pointaient notamment le fait que des patients infectés par le coronavirus soient transférés du Grand Est vers d’autres régions de France, et même en Allemagne et en Suisse, plutôt que d’être placés dans les structures privées. Une situation étonnante qui se rétablit depuis quelques jours, avec des patients transférés vers ces établissements, afin de soulager les hôpitaux publics (pour les personnes non infectées) ou être traités contre le Covid-19.
Dans les régions où le nombre de patients contaminés est encore mesuré, des établissements privés comptent cependant toujours leurs lits vides. Avec le déclenchement du «plan blanc», le 6 mars, ils ont dû ralentir leurs activités habituelles (notamment en supprimant les interventions chirurgicales non urgentes), pour être prêts à renforcer le public.
Depuis, ce sont les ARS, les Agences régionales de santé, qui pilotent les prises en charge des patients par les établissements médicaux. Or, avec le plan blanc, le privé n’est qu’en deuxième, troisième ou quatrième ligne pour lutter face aux crises sanitaires (en fonction de la structure de soins). La première est occupée par les hôpitaux publics, qui ont plus de moyens, et en particulier ceux disposant «d’un service d’urgence et qui accueillent un siège du Samu», indique l’ARS au Huffpost.
Tous les lits des cliniques réquisitionnés, un mauvais signe
Les lits des cliniques se rempliront donc lorsque la situation le nécessitera. «En soit, c’est plutôt bon signe si les hôpitaux de troisième et quatrième ligne ne sont pas pleins», avance l’ARS. Et de conclure : «nous comprenons que ce système ne plaise pas à tout le monde, notamment aux cliniques privées à qui nous avons demandé de faire de la place sans qu’elles ne soient remplies de nouveau. Mais c’est la plan blanc qui veut cela».
Les jours prochains verront donc peut-être les lits pour le moment inoccupés des cliniques se remplir, en fonction de l’évolution de l’épidémie. Ce qui ne serait pas une bonne nouvelle.