Au même titre que la grippe, le nouveau coronavirus peut-il être saisonnier ? Pour répondre à cette question, BBC Future a interrogé plusieurs experts des endémies et épidémiologistes. Des nombreux scientifiques appellent également à ne pas trop miser sur ce paramètre.
Avant de poursuivre, il est à relever que la maladie est trop nouvelle pour avoir des données solides sur l’évolution du virus SARS-CoV-2 durant une année complète et donc selon les saisons, a rappelé le média britannique.
Pour étudier un potentiel lien entre les températures et la propagation de la maladie, la BBC a cité deux enquêtes non publiées. La première a comparé la météo à travers le monde et montre un lien entre la diffusion du virus et la température, la vitesse du vent et l’humidité relative. Une deuxième enquête démontre que des températures élevées sont liées à une incidence plus faible de Covid-19.
Cependant, ces deux enquêtes restent sans données réelles sur une année complète et donc plusieurs saisons. De plus, les pandémies ne suivent pas les mêmes schémas saisonniers. Par exemple, la grippe espagnole a connu un nombre de cas culminant durant l’été alors que les épidémies de grippe se produisent en hiver.
Pour Jan Albert, professeur de contrôle des maladies infectieuses à l'Institut Karolinska de Stockholm, interrogé par la BBC, «ce serait vraiment surprenant si (le virus) ne montrait pas de saisonnalité. La grande question est de savoir si la sensibilité de ce virus (aux saisons) influencera sa capacité à se propager en situation de pandémie. Nous ne savons pas avec certitude, mais cela devrait être considéré comme possible».
Une couche d'huile plus vulnérable en été ?
Les experts ont également abordé un autre aspect de la bactérie : sa composition. Les coronavirus sont recouverts d’une couche huileuse (bicouche lipidique). Selon des recherches réalisées sur d’autres virus, cette couche rendrait les virus plus sensibles à la chaleur. En cas de froid, elle durcit vers un état plus caoutchouteux et protège ainsi le virus plus longtemps lorsqu’il est hors du corps.
Or, a affirmé l’enquête de la BBC, la plupart des virus enveloppés présentent une forte saisonnalité. Miguel Araújo, qui étudie les effets des changements environnementaux sur la biodiversité au Musée national des sciences naturelles de Madrid (Espagne) a alerté que «plus le virus reste stable dans l'environnement, plus sa capacité à infecter d'autres personnes et à devenir épidémique est grande. Alors que Sars-Cov-2 s'est rapidement propagé dans le monde entier, les principales épidémies se sont principalement produites dans des endroits exposés à un temps frais et sec.»
Mais il y a eu aussi un nombre considérable de cas dans les régions tropicales (la Guadeloupe compte aujourd’hui 62 cas et 1 mort en très peu de temps). Une analyse récente de la propagation du virus en Asie par des chercheurs de la Harvard Medical School ont modéré ces propos en suggérant que ce coronavirus pandémique sera moins sensible aux conditions météorologiques que beaucoup ne l'espèrent.
Un taux de mortalité plus bas les jours de hautes températures
Les saisons, et donc les températures peuvent également perturber notre système immunitaire et le rendre plus vulnérable aux infections. Un déficit de vitamine D, qui a besoin de l’action du soleil, peut avoir une incidence dans notre vulnérabilité face aux maladies infectieuses.
La BBC s’est également penchées sur une étude menée par des scientifiques chinois qui ont examiné près de 2 300 décès à Wuhan, en Chine, et les ont comparés aux niveaux d'humidité, de température et de pollution le jour de leur mort. L’enquête a révélé que le taux de mortalité était plus bas les jours de hautes températures et humidité.
Pour le chercheur suédois Jan Albert, l’été montrera «s'il y a une certaine saisonnalité, cela pourrait donner aux systèmes de santé le temps dont ils ont besoin pour se préparer». En attendant, «les mesures que nous prenons pour aplanir la courbe sont coûteuses en termes économiques, mais elles pourraient nous aider à repousser cette pandémie cet été», a conclu le scientifique.