Stéphane Ciangherotti, 49 ans, est confiné à l'hôpital de Bastia depuis mercredi dernier. Positif au nouveau coronavirus, ce greffé du foie, qui attend une greffe de rein, vit cette nouvelle épreuve avec philosophie, surtout préoccupé par sa fille de 12 ans, également positive.
Tout a commencé mardi dernier. «Après ma séance de dialyse, je suis monté me faire dépister à la demande du chef de service de néphrologie», explique-t-il par téléphone. Il n'avait alors «qu'une vilaine toux grasse». La fièvre est apparue le lendemain. «Ils m'ont laissé sortir mardi soir et mercredi matin, retour à l'hôpital car j'étais positif», dit cet ancien chauffeur de poids lourd en invalidité depuis juin 2019, assurant ne pas s'être inquiété outre mesure.
Il pense avoir été contaminé quelques jours avant la dialyse lors d'un voyage à Marseille pour effectuer des «examens de contrôle aux hôpitaux de la Timone et de la Conception». «Est-ce que c'est dans le taxi, dans l'avion ou à l'hôpital, je ne sais pas», dit-il, précisant avoir porté un masque et évité les contacts.
«Un état de fatigue»
«La toux épuise, la température joue au yoyo mais c'est plus gérable qu'au début», raconte-t-il. «Quand la toux se réveille, vous avez l'impression que vos poumons vont sortir de votre corps, c'est vraiment très très douloureux. Ca déclenche aussi des maux de tête et un état de fatigue», décrit-il.
«Les médecins sont satisfaits de mon évolution mais l'un d'entre eux ne m'a pas caché que jusqu'à samedi, ils me surveillaient et n'étaient pas rassurés».
Confiant s'épargner les médias et réseaux sociaux «qui font dans le morbide», il appelle «les gens à faire attention». «Respectez les consignes de sécurité!», insiste-t-il. «Quand j'ai vu les gens se prendre dans les bras, je me suis dit c'est foutu ! Ils ne comprennent rien à rien ! Avec toutes ces personnes malades dans le monde, ils donnent l'impression que eux sont plus forts ou plus 'cons' mais quand certains vont envoyer un de leurs parents aux urgences, là ils comprendront, mais ce sera trop tard»!
«Avec les infirmières, nous rigolons»
Reconnaissant que sa famille vit tout cela «assez mal», cet éternel optimiste prend son mal en patience. «Heureusement que j'ai mon téléphone portable», lien essentiel avec l'extérieur. «Avec les infirmières, nous rigolons ensemble, il y a une très bonne entente», même si elles évitent de multiplier les visites.
Il s'inquiète de la contamination de sa fille Eva, 12 ans. «Elle a été testée positive jeudi et est en quarantaine au domicile de sa mère» qui est, elle, négative. «Eva a eu de la fièvre et des douleurs abdominales pendant 30 heures et maintenant, ça va, elle est un peu fatiguée». Quant au confinement, elle le vit bien «grâce à sa console de jeu», même s'il «faudra bientôt faire les devoirs» à distance.
Quand ce virus ne sera plus qu'un mauvais souvenir, Stéphane rêve «d'emmener sa fille se balader en montagne» ou «d'aller voir les mouflons à Asco», un village corse posé au milieu d'une nature sublime à 650 mètres d'altitude. Pour l'instant, il ne la voit que sur des vidéos sur son téléphone. En montrant l'une d'elles où elle donne le biberon à un chevreau, il confie : «Voilà pourquoi il faut toujours tenir».