Elle faisait encore récemment figure de terre épargnée, mais le Covid-19 l'a rattrapée. Le mercredi 18 mars, alors que plus de trente pays sur cinquante-six ont déclaré des cas confirmés de coronavirus, l'OMS a appelé l'Afrique à «se réveiller» et à se préparer au «pire».
Selon les chiffres communiqués par le directeur de l'Organisation mondiale de la Santé lui-même, l'Ethiopien Tedros Adhanom Ghebreyesus, il y a, à date, 600 cas du nouveau coronavirus enregistrés sur tout le continent, dont 16 décès (6 en Égypte, 6 en Algérie, 2 au Maroc, 1 au Soudan et désormais 1 au Burkina).
L'Afrique reste la région la moins touchée par la pandémie mondiale qui a infecté plus de 200.000 personnes et tué plus de 8.000, mais les chiffres officiels sont probablement sous-évalués.
Officiellement donc, ce ne sont encore souvent que des cas isolés mais, comme cela avait été le cas au début de la pandémie en Asie et plus récemment en Europe, mais ils pourraient très vite déboucher sur des «clusters» (des «grappes» de malades localisées, NDLR), avant de finir en épidémie généralisée comme c'est le cas aujourd'hui.
des cas isolés qui se multiplient
Le Togo, le Congo, les Seychelles sont ainsi encore relativement épargnés et les malades s'y comptent encore sur les doigts de la main. En revanche, en Egypte, avec environ 200 cas (dont au moins 4 morts), ou en Algérie (4 morts aussi, 75 cas) et en Afrique du Sud (116 cas) tout porte à croire que le Covid-19 va bel et bien se propager de façon bien plus importante très prochainement. Au Maroc et au Soudan (1 mort chacun), la situation inquiète également.
Cela, parce qu'encore une fois et comme partout ailleurs, le nombre de cas est très certainement sous-évalué et parce que plusieurs Etats possèdent également des liens étroits avec la Chine et l’Europe, ancien et actuel épicentre de l'épidémie.
Un cocktail malheureusement idéal pour que le virus explose. Et le risque est d'autant plus élevé que l'absence d'infrastructures efficientes pourrait constituer au Covid-19 une terrible rampe de lancement.
Manque de structures, populations fragiles...
Certains Etats toutefois, à l'instar du Kenya, de l’Afrique du Sud, du Sénégal (31 cas au 18 mars, NDLR), ou de la Tunisie sont mieux armés et bénéficient de plus de structures. Mais rien ne dit que leur système soit à même de tenir face à un afflux de patients trop important.
Cela également en raison du fait que, dans plusieurs pays, la population est déjà de santé fragile, à cause de la malnutrition, du paludisme ou du SIDA. Autant de patients à risque et en danger donc.
Dans ce contexte, les pouvoirs publics comme ceux du Kenya de l'Ouganda ou de l'Afrique du Sud ont adopté des mesures de restrictions aux frontières.
Et, au total, ce sont une quinzaine de pays africains qui ont décidé de la fermeture de l'ensemble de leur système éducatif pour tenter de limiter la propagation du coronavirus.
L'Ouganda, qui ne recense officiellement pourtant aucun cas, a meme interdit les voyages dans les pays les plus touchés.