Depuis le début de l'année, une série de vols à main armée visant des commerces inquiétait les habitants de la métropole bordelaise. Une dizaine de faits qui ne portaient pas la marque du grand banditisme, mais plutôt celle d'amateurs locaux. Parmi les établissements ciblés, quatre boulangeries, franchises d'une même enseigne.
Particularité : les malfaiteurs arrivaient au moment de la fermeture, à la nuit tombée, par l'arrière de la boutique, au moment où la vendeuse sortait les poubelles. Gantés et le visage masqué, ils la menaçaient, une fois avec un pistolet, une autre avec une barre de fer, pour la forcer à leur remettre la recette de la journée.
C'est un adjoint de sécurité hors service qui met les enquêteurs sur la piste des braqueurs. Un soir, il voit deux individus se changer dans un coin de rue. Il appelle aussitôt le commissariat qui lui apprend qu'un commerce vient d'être braqué. Il prend les suspects en filature, et arrive à mettre en scène un contrôle d'identité pour l'un des deux. La police judiciaire remonte ainsi jusqu'aux deux suspects, interpellés hier, qui reconnaissent les faits en garde à vue : trois braquages et une tentative.
« Ils avaient une stratégie bien rodée », explique à CNEWS le commissaire Jean-Yves Goriou, chef de la division des affaires criminelles de la PJ de Bordeaux. « Ils repéraient des établissements qui fermaient après 20h. Ils s'assuraient aussi que ce soit une serveuse jeune -les victimes ont entre 18 et 23 ans- qui officie seule à ce moment-là. Pour le savoir, ils téléphonaient à la boutique et renonçaient si un homme décrochait. Les victimes décrivent des hommes très agressifs, très intimidants » ajoute-t-il.
Placés en garde à vue pour vol avec arme et vol avec violence aggravée, les individus devaient être présentés dans l'après-midi à un magistrat de la juridiction des mineurs, puisque le plus jeune a 17 ans. Son complice présumé en aura bientôt 19. Des lycéens, connus jusque-là uniquement pour de petits larcins, issus de familles stables et socialisées. « Ils n'ont pas l'air de mesurer la gravité des faits », poursuit le commissaire Goriou. « Ils présentent un certain manque de maturité émotionnelle. Ils n'ont pas émis de regret vis-à-vis des victimes qui sont fortement traumatisées. Aucune d'entre elles n'a pu reprendre le travail pour l'instant » conclue le commissaire.
Les enquêteurs n'excluent pour l'instant pas que les suspects aient tenté de s'en prendre à d'autres commerces.