Le Cov-19 comme priorité absolue. Après la Chine, le reste de l’Asie et l’Italie, l’épidémie a fini par toucher la France. Un défi que l’Etat tente de gérer au mieux.
En une semaine, le nombre de cas a explosé, passant de dix-huit personnes, mercredi dernier, à 212, mardi soir. Pour l’instant, quatre patients sont décédés, et les autorités doivent faire face à un véritable défi, sanitaire mais aussi logistique. Il s’agit en effet de mettre en œuvre les moyens nécessaires pour contenir la propagation du virus, tout en rassurant la population pour éviter que la panique ne s’empare du pays.
Une organisation de taille
Pour montrer que l’épidémie est prise avec le plus grand sérieux, Emmanuel Macron a annulé ses déplacements de la semaine pour être complétement disponible pour le sujet. Déjà aperçu à l’hôpital de la Pitié Salpêtrière auprès du personnel de santé, le chef de l’Etat s’est rendu hier soir au Corruss, le centre opérationnel de régulation et de réponse aux urgences sanitaires et sociales, qui coordonne la lutte contre le virus. Les médecins, pharmaciens, ingénieurs en santé publique et gestionnaires de crise qui le composent ont pour mission d’assurer 24h/24 et sept jours sur sept la réponse opérationnelle aux urgences rencontrées sur le terrain.
Ils fonctionnent en lien avec les agences régionales de santé, qui recensent les personnes «à risque» et décident de leur placement à l’isolement, et les préfectures, qui agissent au plan local et ont la lourde charge de décider s’il est nécessaire ou non de fermer les écoles, d’annuler certains événements plus que d’autres, en fonction de l’évaluation de la menace...
l'importance de la communication
C’est aussi depuis le Corruss qu’Olivier Véran, ministre de la Santé, tient un point presse quotidien sur l’évolution de la situation. Dans la situation actuelle, la communication est en effet primordiale. Elle vise à éviter que la psychose ne s’installe, à un moment où chaque mot mal pesé pourrait être perçu comme un signal d’alarme . «Il ne faut pas seulement demander aux gens de ne pas s’inquiéter, mais aussi leur prouver qu’il n’y a pas de raisons de s’inquiéter», affirme Norbert Gualde, professeur d’immunologie à l’université Bordeaux II.
Ainsi, pour contrer les craintes de pénurie de masques de protection, Emmanuel Macron a annoncé hier la réquisition de tous les stocks et de leurs moyens de production. «Nous les distribuerons aux professionnels de santé et aux Français atteints», a-t-il tweeté.
Des comptes à rendre
Le risque, pour les pouvoirs publics, est aussi d’avoir à rendre des comptes en cas de mauvaise stratégie. Par le passé, une sous-estimation de la situation, ou l’inverse, ont pu être pointés du doigt. En 2003, en pleine canicule, le ministre de la Santé Jean-François Mattei était resté en vacances deux semaines, malgré l’accumulation de signaux alarmants. Les autorités sanitaires n’avaient alors pas pris la mesure de la crise, qui avait fait 19 000 morts.
A l’inverse, en 2009, Roselyne Bachelot avait commandé plus de 94 millions de vaccins, anticipant à tort une pandémie annoncée de grippe H1N1. L’alerte s’était révélée finalement moins grave que prévue et il avait fallu annuler plus de la moitié de la commande, pour un coût de 380 millions d’euros. Dans tous les cas, pour le gouvernement, l’équation est complexe.