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La semaine de Philippe Labro : un virus et des questions, le virtuose et ses leçons

Les autorités sanitaires font leur boulot, préparent la France (plutôt mieux équipée que beaucoup d’autres pays) à l’épidémie ; à nous de respecter leur travail, et leur faire confiance.[AFP]

Philippe Labro est écrivain, cinéaste et journaliste. Chaque vendredi, pour CNEWS, il commente ce qu'il a vu, vécu et observé pendant la semaine. Un bloc-notes subjectif et libre.

MERCREDI 26 FÉVRIER

Le phénomène actuel de l’épidémie du coronavirus appelle à quelques remarques :

1. De grâce, pas de panique, pas de complotisme. Les autorités sanitaires font leur boulot, préparent la France (plutôt mieux équipée que beaucoup d’autres pays) à l’épidémie ; à nous de respecter leur travail, et leur faire confiance.

2. Il demeure cette énigme : qui était le «patient zéro» italien ? Comment cela a-t-il pu démarrer là plutôt qu’ailleurs en Europe ? Réponse évidente : on ne sait pas tout. Dans mes contacts avec l’univers de la médecine, j’ai toujours écouté celui qui disait : «Vous savez, je ne sais pas tout.»

3. «L’atelier du monde» est en panne, il va falloir imaginer d’autres façons de fonctionner. Apprendre à ne pas dépendre de la Chine. Revenir à la relo­calisation de certaines industries, fa­bri- ques, artisanats. D’une crise, peut naître une chance, celle de revoir la «mondialisation». Non pas la supprimer. Mais la transformer.

4. Ce n’est pas la première fois qu’une épidémie part de la Chine. Il y a déjà eu le Sras, en 2002 et 2003. L’épidémie actuelle finira par ralentir. Il y en aura d’autres. Elles viendront sans doute des mêmes sources, et pour les mêmes raisons (surpopulation, hygiène défectueuse, animaux suspects, régime autoritaire qui tait l’information). Raison de plus pour regagner une indépendance.

Passons à tout autre chose, puisqu’un certain temps s’est déroulé entre cette chronique et la précédente. Il y a eu, par exemple, le mini-scandale Griveaux. Il faudrait que l’on sache le sens des mots. Lorsque, tout aguichés, séduits, intrigués, titillés par le douteux personnage russe et sa non moins douteuse petite amie, certains médias ont utilisé le mot «artiste» pour qualifier celui qui est tout sauf un artiste. J’ai, à ce propos, apprécié un éditorial de mes confrères de Challenges, Nicolas Domenach et Maurice Szafran, paru sur le site de l’hebdomadaire, le 23 février. Ils s’insurgent contre un vocabulaire complai­sant : «“L’artiste”, et non pas le délateur ; “l’artiste” et non pas le voyou ; “l’artiste”, et non pas le voleur, puisqu’il revendique haut et fort avoir dérobé la vidéo à sa compagne.

Certes la délation est un “art”. Un “art” crade et tout d’exécution. A ce titre, Pavlenski est un “artiste” confirmé : la cible – humaine cette fois – a été atteinte, pulvérisée, détruite. Une vidéo, comme une balle, en pleine tête. Tué net, Griveaux. […] Un délateur n’a rien de commun, rien, avec un “lanceur d’alerte”. […] Piotr Pavlenski n’est pas un héros, mais un zéro.»

JEUDI 27 FÉVRIER

Le premier livre écrit par le violoniste Renaud Capuçon, Mouvement perpétuel (éd. Flammarion) sort en librairie. Le titre dit tout : depuis qu’à 4 ans, il a été initié à la musique, Capuçon a vécu et vit, en effet, un mouvement permanent vers l’excellence. On y lit ses rencontres, ses maîtres, ses expériences, ses surprises.

De ce récit, écrit avec sincérité et simplicité, le lecteur, qui n’a pas besoin d’être mélomane, retiendra au moins deux éléments instructifs. D’abord, ce que signifie la vie dure, difficile, parfois douloureuse, de l’éducation d’un jeune prodige.

Ensuite, la merveilleuse tradition de transmission qui existe dans le monde de la musique classique : on commence par avoir des mentors, on finit ensuite par le devenir. Il y eut donc le grand Isaac Stern, qui dit un jour aux gamins réunis devant lui pour une «master class», dont faisait partie Capuçon : «Dites-moi pourquoi vous êtes là.» Une semaine d’apprentissage qui sera décisive pour le violoniste en herbe. Il deviendra lui-même plus tard un professeur pour d’autres générations.

On va de Notre-Dame de Paris à Jean-Sébastien Bach, d’un concert dans le métro à une performance devant les chefs d’Etat du monde entier sous l’Arc de triomphe. Un itinéraire passionnant.

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