Loin des regards et des caméras, les 28 Français rapatriés de Chine vendredi vont rester 14 jours en quarantaine dans un village de vacances de Branville (Calvados), afin de s'assurer qu'ils ne sont pas contaminés par le nouveau coronavirus.
Ces ressortissants français, arrivés vendredi à Roissy, qui ne présentent aucun symptôme de la maladie, ont été accueillis au Normandy Garden par le préfet du Calvados Philippe Court et la directrice générale de l'Agence régionale de Santé (ARS) de Normandie, Christine Gardel, ainsi que par une vingtaine de pompiers. Pas un masque chirurgical ne manquait sur les visages, d'après les photos diffusées sur Twitter par la préfecture du Calvados, l'accès au site ayant été interdit aux journalistes.
Des photos de l'intérieur des cottages, également diffusées par la préfecture, témoignent de l'accueil qui leur est réservé, sacs de vivres, gâteaux secs et bouteille de cidre à l'appui.
Soixante-dix-sept cottages sur un total de 330 ont été réquisitionnés mercredi soir dans la partie basse de ce village vacances de 12 hectares et d'une capacité d'accueil de 1.500 personnes, au cœur du pays d'Auge, à environ 15 km de Deauville.
Plusieurs centaines de mètres de barrières de chantier ont été déployées jeudi après-midi entre la zone privatisée et la partie ouverte au public. Contacté par l'AFP, le groupe Pierre et Vacances, qui exploite le Normandy Garden, a indiqué avoir enregistré en 24 heures 36% d'annulations, 55% de modifications et 9% de maintien de réservations de clients ayant prévu de séjourner ces 14 prochains jours dans le centre de vacances normand.
Durant leur séjour, les rapatriés seront suivis par une équipe médicale de treize personnes (médecins, infirmiers, pharmaciens et psychologues). Vingt-cinq militaires de la Sécurité civile assureront la sécurité du site et surveilleront les entrées et les sorties.
La température de ces personnes sera surveillée deux fois par jour. En cas d'apparition de symptômes, le rapatrié sera transféré au CHU de Caen et «mis à l'isolement».
Les habitants se montrent solidaires
Au bar-boulangerie d'Annébault, à quelques kilomètres du Normandy Garden, Liliane, 72 ans, cheveux blonds, jeans et doudoune, grattait des jeux vendredi après-midi en buvant un café. «Je trouve que l'endroit n'est pas le meilleur parce qu'il y a des vacanciers. C'est dommage pour ceux qui avaient loué, mais c'est normal qu'on soit solidaire de nos compatriotes», lâche-t-elle, confiante «dans le système de santé français».
A ses côtés, Patrick, 60 ans, cadre, relativisait. «La grippe tue 10.000 personnes par an et on n'en parle pas autant! Ils n'allaient quand même pas les mettre à l'hôtel du golfe de Deauville», ironisait-il.
Une réunion à l'attention des habitants de Branville et des environs doit se tenir samedi à 10H00.
Au total, 28 Français et 36 ressortissants d'autres pays de l'Union européenne ont été rapatriés ce vendredi, à bord d'un avion affrété par Paris et qui a atterri en fin de matinée à l'aéroport de Roissy-Charles de Gaulle.
L'appareil était parti jeudi de Wuhan, épicentre de l'épidémie du virus en Chine. Les passagers non Français ont été pris en charge, dès leur arrivée, par les autorités de leur pays, selon le ministère français des Affaires étrangères.
Il s'agit du troisième vol de rapatriement organisé par la France depuis le début de la crise sanitaire. Grâce à ces trois vols, plus de 300 personnes ont déjà été rapatriées de Chine vers la France et placées en quarantaine.
Le ministre de la Santé Olivier Véran a annoncé vendredi qu'il ne restait plus qu'un seul patient hospitalisé en France pour une infection à la maladie, sur les quatre qui l'étaient encore mardi.