Neuf personnes sont mortes ce mercredi soir en Allemagne, tuées dans un bar à chicha par un homme décrit comme xénophobe et à l’idéologie racialiste. La France pourrait-elle connaître à son tour un attentat commis par l’ultra droite ?
Un rapport de la commission d’enquête parlementaire rendu en juin 2019 montrait une recrudescence des violences provenant de cette frange radicale (agressions, intimidations, vandalisme), sans qu’il soit pour autant question de terrorisme.
Concernant ce point précis, il était néanmoins question d’une «nouvelle tentation». Celle-ci s’est illustrée ces dernières années par les attentats avortés du groupuscule OAS contre Jean-Luc Mélenchon et Christophe Castaner, lors de la campagne présidentielle de 2017, par le démantèlement par la DGSI en 2018 du réseau AFO, soupçonné de préparer des attaques contre des cibles musulmanes (imams radicaux, détenus islamistes, femmes voilées), ou encore par le projet des «Barjols», qui souhaitaient s’en prendre à Emmanuel Macron, toujours en 2018.
un réveil récent
Si le terrorisme d’extrême droite avait largement diminué après les années 60 et 70, un déclic a fait ressurgir des velléités d’actions meurtrières : les attentats islamistes du 13 novembre 2015, expliquait Nicolas Lebourg, historien spécialiste de l’extrême-droite et membre de l’Observatoire des radicalités politiques de la Fondation Jean Jaurès, en octobre dernier dans L’Express. La période coïncidait par ailleurs avec le début de la crise des réfugiés en Europe, qui favorisait l’amplification du sentiment xénophobe parmi une population déjà radicale.
Le massacre perpétré par les jihadistes de Daesh a également poussé des individus habituellement modérés de l’extrême droite à se durcir et envisager de passer à l’acte, analyse le spécialiste. Comme pour les «loups solitaires» islamistes, ces personnes sont difficiles à appréhender pour les forces de l’ordre, car pouvant agir sans grande préparation et avec peu de moyens. En témoigne l’attaque récente de la mosquée de Bayonne, le 28 octobre, par un octogénaire à l’idéologie ouvertement xénophobe (deux blessés par arme à feu).
aucun groupe suffisament organisé ?
Les autorités s’inquiètent également de voir les radicaux d’ultra droite passer d’actes de vandalisme sur des lieux symboliques à des attaques directes contre des personnes.
Concernant le risque de subir un attentat de grande ampleur, une source proche du rapport parlementaire de juin dernier racontait au même moment à l’AFP qu’aucun groupe n’avait encore la capacité d’aboutir à un tel projet.
Si la menace venant d’extrême droite est donc bien réelle, elle reste encore mineure sur le spectre de la menace terroriste en France. Ce qui n’empêche pas de craindre un passage à l’acte comme l’a vécu l’Allemagne ce mercredi.