Régulièrement pointé du doigt, le «séparatisme» est désormais dans le viseur d'Emmanuel Macron et du gouvernement. Un projet de loi est même prévu à l'automne pour lutter contre ce phénomène. Mais de quoi s'agit-il ?
Que ce soit dans la bouche du président de la République, de son Premier ministre Jean Castex ou d'autres membres du gouvernement, les termes comme «séparatisme islamiste»,«aventure séparatiste» ou plus simplement «les séparatismes» reviennent de plus en plus régulièrement. Mais quel concept recoupent-ils ?
19 mars 2018. Le terme de «séparatisme islamiste» est lancé dans le débat public par la publication d'une tribune («L'appel des 100 intellectuels contre le "séparatisme islamiste"») dans les colonnes du Figaro. Signé par des personnalités comme Bernard Kouchner, Sylvain Tesson ou encore Alain Finkielkrault, le texte est alarmiste. Les signataires parlent de l'islamisme comme d'un «nouveau totalitarisme» et d'un «apartheid» qui chercherait à gagner du terrain.
Depuis, ce concept semble avoir fait son chemin au plus haut sommet de l'Etat puisque son chef s'en est emparé. Dans le journal Le Monde en janvier, Emmanuel Macron, en parlant d'une certaine partie de la communauté musulmane, confiait : «il faut accepter qu’il y a, dans notre République aujourd’hui, ce que j’appellerais un séparatisme». Une idée réutilisée le 4 septembre lors d'un discours pour les 150 ans de la proclamation de la République.
«une forme de séparatisme de classes sociales»
Concrètement, on parle de «séparatisme» lorsqu'une communauté souhaite ne plus respecter les lois de la République, au profit de valeurs religieuses, sexuelles ou culturelles. Les gouvernements précédents préféraient parler de «lutte contre le communautarisme».
Le terme désigne donc un concept qui va plus loin que le communautarisme. «Normalement, c'est une expression qui revient lorsqu'une partie d'un pays veut son indépendance. Le séparatisme islamiste met l'accent sur le fait que les islamistes ne veulent pas respecter la loi commune, avec cette volonté de se séparer des autres», explique Chahla Chafiq, écrivaine et sociologue, auteure d'ouvrages sur l'islamisme.
Pour cette dernière, cette idéologie a pu s'imposer, notamment dans les quartiers dits «sensibles» à cause du vide social, culturel et politique qui y règne. «La logique islamiste gagne du terrain là où vivent des musulmans qui peuvent être intéressés par des repères identitaires qui leur offrent une fausse identité et de la reconnaissance».
Mais le séparatisme n'est pas l'apanage de l'islamisme : «lorsque des riches n'acceptent pas que des logement sociaux soient construits dans leur quartier, c'est une forme de séparatisme de classes sociales», étaye l'experte. Et elle met en garde : «attention à ne pas faire la confusion entre l'appartenance à l'islam, qui est une religion, et à l'islamisme, qui est une idéologie politique».