Le Premier ministre Edouard Philippe doit assister vendredi au lancement de la campagne des municipales au Havre, dont il était le maire jusqu’en mai 2017. Toujours conseiller municipal aujourd’hui, il pourrait s’aligner sur la liste de son camp. Mais à quelle place ?
Le chef du gouvernement avait indiqué en septembre dernier qu’il ne donnerait pas avant janvier sa réponse concernant sa présence dans la course à la mairie havraise. Son successeur, Jean-Baptiste Gastinne (LR), s’est dit prêt à prendre place à ses côtés sur la liste, que ce soit pour en prendre la tête ou non. Cette décision dépendra du seul souhait d’Edouard Philippe, a indiqué à l’AFP une source proche de la majorité municipale.
du changement à la tête du gouvernement ?
S’il venait à être tête de liste et élu, le Premier ministre sera contraint d’abandonner Matignon. Lui-même avait rappelé cette règle -non-écrite-, en septembre dernier : un ministre ne peut pas cumuler avec une autre fonction exécutive locale. «Il leur appartiendra de dire s’ils veulent rester membres du gouvernement», avait-il avancé, à propos de ses collègues. Des mots qui pourraient donc, en imaginant l’hypothèse d’une victoire comme tête de liste, s’appliquer à lui.
Assistera-t-on alors à un changement au sommet du gouvernement, entraînant un nouveau remaniement pour entrer dans l’acte 3 du quinquennat Macron ? Le scénario est loin d’être impossible, d’autant qu’il pourrait permettre de tourner la page sur plus d’un an de conflit social dans le pays, entre les gilets jaunes et le mouvement contre la réforme des retraites.
Mais ce contexte social compliqué est peut-être aussi l’élément qui poussera Edouard Philippe à ne pas se présenter comme tête de liste. D’autant que la ville du Havre est particulièrement agitée, avec la forte mobilisation des dockers. Vendredi dernier, 7.500 personnes ont défilé (selon la police, 65.000 selon la CGT). Le 15 janvier, un policier avait eu le doigt arraché lors d’un autre rassemblement. Le port est lui régulièrement bloqué par les grévistes.
le risque d'une campagne pourrie par le contexte social ?
La crainte est réelle de voir ses adversaires (parmi lesquels le communiste Jean-Paul Lecoq ou l’EELV Alexis Deck, à qui s’est allié le PS) s’opposer à lui dans un même front pour le faire chuter, estiment des proches. Ajouté au risque de voir les anti-retraites lui mener la vie dure à chaque sortie, sa campagne pourrait prendre une tournure symbolique, celle de la défiance d’une partie de la population envers le gouvernement. «Il y a un risque très fort de coagulation», reconnaît un cadre LREM au Figaro. «C’est la raison pour laquelle l’hypothèse d’une candidature en numéro un, évoquée avec certitudes avant les fêtes, est de moins en moins certaines».
L’autre possibilité, pour ne pas renier l’amour qu’il a déclaré à de multiples reprises envers Le Havre, mais aussi pour éviter un scénario incertain, serait d’être candidat, mais sans mener la liste. Il soutiendrait alors l’équipe municipale sortante, pour rester conseiller municipal en cas de victoire.
Le poids d’Edouard Philippe, sans qu’il soit lui-même en première ligne, serait-il alors suffisant pour garder la mairie dans son camp ? Sa popularité au Havre semble en tout cas solide. En 2014, au moment des précédentes municipales, elle n’avait souffert d’aucune contestation, avec une élection obtenue dès le premier tour, avec 52% des voix.