Dans un nouveau sondage Ifop publié dans le Journal du Dimanche ce 19 janvier, Anne Hidalgo profite de la concurrence entre LREM et LR pour prendre une avance qui pourrait être décisive dans la course à la mairie de Paris.
L'élue sortante est en effet créditée de 25 % des intentions de vote. Soit une hausse de 2,5 points en un mois, puisque dans le précédent sondage publié courant décembre, elle était à 22,5% d'intentions de vote, déjà en tête. «Une belle entrée en campagne, qui crée une dynamique», se réjouit ce dimanche Ian Brossat, l'un des porte-paroles de la candidate. Anne Hidalgo va d'ailleurs reprendre sa bonne recette de propositions quotidiennes dans les jours à venir, avec notamment une conférence de presse mardi où elle développera ses idées sur le thème de «la ville du quart d'heure».
En face, Benjamin Griveaux, qui a longtemps été présenté comme le principal challenger, voire comme le favori (il était à 32 % des sondages en mars 2018, contre 29 % pour Anne Hidalgo), s'écroule. Il ne bénéficie désormais que de 15 % des intentions de vote, alors qu'il était à 17 % il y a un mois. Une dynamique négative qui en dit long au moment où LREM lance toutes ses forces dans la bataille pour soutenir le candidat officiel. Marlène Schiappa (secrétaire d'Etat), Stanislas Guérini (délégué général du parti), Agnès Pannier-Runacher (secrétaire d'Etat) se sont engagés sur les listes de Benjamin Griveaux la semaine dernière. Avant, peut-être, la ministre Agnès Buzyn pressentie pour mener la bataille dans le très important 15e arrondissement.
Un ralliement qui s'avère contre-productif
Des soutiens auxquels s'est ajouté le ralliement de Pierre-Yves Bournazel (ex-LR Macron-compatible) jeudi dernier, un candidat jusqu'à alors crédité d'environ 4 % dans les sondages. Sauf que ce désistement semble ne pas profiter à Benjamin Griveaux mais plutôt à... Rachida Dati. Créditée de 17 % des intentions de vote en décembre, la candidate LR grimpe à 19 % et dépasse son rival marcheur.
Rachida Dati a d'ailleurs enfoncé le clou ce dimanche midi sur RTL, critiquant «les 'accords d'appareil' et les 'débauchages'» de LREM. Avec une campagne agressive, la candidate LR souhaite en effet récupérer une partie des électeurs de droite qui avaient plébiscité Emmanuel Macron à la présidentielle et aux européennes, mais dont un certain nombre sont déçus de sa politique ou n'apprécient pas Benjamin Griveaux. Car son objectif est de rassembler tous les anti-Hidalgo : «[ce sondage] montre que le vote utile, ça peut être moi», a ainsi asséné la maire du 7e.
La migration des électeurs #LREM entre la présidentielle et les européennes, à Paris. pic.twitter.com/LAaRuS0rbX
— Angelo Pardi (@UnMilitant) May 28, 2019
Cette stratégie permet à Rachida Dati de devenir la rivale principale de la maire sortante, mais risque toutefois de s'avérer insuffisante après le premier tour. Plusieurs listes devraient en effet passer le cap des 10 % et accéder au second, formant des triangulaires, des quadrangulaires voire des pentagulaires dans certains arrondissements. Des configurations où Anne Hidalgo pourrait tirer son épingle du jeu alors que LR, LREM et les Villanistes se cannibaliseront.
Idem au «troisième tour», où les conseillers municipaux élus désignent le ou la maire de Paris. Anne Hidalgo bénéficie en effet de réserves de voies conséquentes, depuis l'extrême-gauche (Danielle Simonnet, la candidate LFI, est à 5 %) jusqu'aux Verts. Car s'il poursuit sa progression (12,5 % en décembre, 14 % désormais), l'écologiste David Belliard n'apparaît pas en position de remporter lui-même l'élection. Faute d'une alliance avec Cédric Villani, il devrait donc rallier à la candidate de gauche, comme l'avait fait EELV en 2014.
Rachida Dati, elle, ne pourra guère compter sur une base beaucoup plus large que celle qu'elle occupe déjà. Cédric Villani (soutenu par le PRG, centre-gauche) et Benjamin Griveaux (rallié par l'UDI, en attendant le Modem, centre-droit), se situent en effet sur des espaces politiques similaires. Et difficile d'imaginer une consigne du parti présidentiel pour faire élire une maire Les Républicains à Paris.