En difficulté et sans dynamique depuis le début de la campagne, Benjamin Griveaux semble enfin voir les planètes s'aligner en sa faveur pour la conquête de la mairie de Paris. De quoi donner un début de dynamique au candidat LREM outsider.
Ce jeudi 16 janvier, Benjamin Griveaux a obtenu le ralliement de Pierre-Yves Bournazel. Bien que prévisible (le premier avait affirmé «tenir par les c...» le second), le franchissement du Rubicon par cet ancien LR macron-compatible est une bouffée d'air pour le candidat officiel LREM. Ce ralliement «se fait dans le bon tempo», reconnaît Florence Berthout, maire (ex-LR et déjà ralliée) du 5e arrondissement, dans Les Echos. Il montre aussi la capacité du candidat LREM, que certains ont critiqué pour son antiphatie, à rassembler. Et si aucun accord n'a pour l'instant été trouvé avec le Modem, Eric Azières (UDI) vient justement d'être investit tête de liste dans le 14e.
D'autant que Bournazel, qui discutait aussi avec Cédric Villani, justifie sa décision en soulignant que Benjamin Griveaux «est le plus à même de créer une dynamique afin d’éviter la réélection d’Anne Hidalgo». Un gros coup du candidat officiel face au dissident.
Ma lettre aux Parisiennes et aux Parisiens: à deux mois des élections, il faut prendre ses responsabilités afin de créer les conditions d’une alternative positive à Anne Hidalgo. J’apporte mon soutien à Benjamin Griveaux pour faire gagner Paris. pic.twitter.com/oPTNxgqqTE
— PierreYves Bournazel (@pybournazel) January 16, 2020
Outre l'obtention d'un candidat bien implanté localement pour mener sa liste dans le 18e, il acquiert un soutien potentiellement décisif sur le papier. En effet, sur le plan purement comptable, si l'on ajoute les intentions de vote du dernier sondage (17 % pour Griveaux et 4 % pour Bournazel), cette fusion est toute proche du score de celui d'Anne Hidalgo (22 %). Or, la maire sortante faisait jusqu'ici favorite quasi-incontestée à sa réélection.
En novembre dernier, une enquête Ifop commandée par Cédric Villani avait testé l’hypothèse d’un abandon de Gaspard Gantzer et de Pierre-Yves Bournazel. Le renoncement de ces deux derniers candidats se reportait sur Cédric Villani et Rachida Dati, qui dans ce scenario passaient respectivement à 14,5% (+2,5 points) et 18% (+2 points) des intentions de vote.
Mais ce scrutin municipal est loin d'être une addition de sondages et rien ne dit que ce ralliement profitera concrètement à Benjamin Griveaux. Alors le candidat LREM met aussi le parti présidentiel à contribution. La semaine dernière Benjamin Griveaux a ainsi enregistré des renforts de poids : la secrétaire d'Etat Marlène Schiappa dans le 14e arrondissement pour défier Cédric Villani, et le délégué général de La République en marche, Stanislas Guérini, en soutien dans le 17e. Pour la suite, Agnès Buzyn, la ministre de la Santé, pourrait débarquer sur la liste dans le 15e et la secrétaire d'Etat Agnès Pannier-Runacher dans le 16e.
Des arrondissements à faire basculer
Ces soutiens viennent s'ajouter à trois précédentes «prises de guerre» : les maires sortantes Florence Berthout (ex-LR) dans le 5e, Delphine Bürkli (ex-LR) dans le 9e et Frédérique Calandra (ex-PS) dans le 20e, qui pourraient bien faire basculer leur arrondissement avec elles.
Car plus que les scores des sondages à l'échelle de la capitale, c'est surtout la prise des arrondissements qui est stratégique lors de l'élection municipales à Paris. C'est pourquoi Benjamin Griveaux va mener lui-même la liste LREM dans le 17e pour tenter de l'arracher à la droite. Avec le député Pacôme Rupin dans le nouveau Paris-Centre (fusion des 1er, 2e, 3e et 4e), Pierre-Yves Bournazel désormais dans le 18e, voire Buzyn dans le 15e, l'armada LREM dans la capitale pourrait avoir fière allure. Il restera à savoir qui mènera la liste dans le 13e, l'un des arrondissements stratégiques de l'élection.
Politiquement, Benjamin Griveaux fait aussi attention à bien reprendre des marqueurs du centre et surtout de droite (notamment sur la sécurité et la famille), l'électorat LREM semblant désormais se trouver dans les quartiers favorisés de la capitale :
La migration des électeurs #LREM entre la présidentielle et les européennes, à Paris. pic.twitter.com/LAaRuS0rbX
— Angelo Pardi (@UnMilitant) May 28, 2019
Quitte à empiéter sur les plates-bandes de Rachida Dati. Benjamin Griveaux ne manque d'ailleurs pas une occasion de critiquer la candidate LR, l'accusant notamment de pactiser avec Anne Hidalgo pour l'éliminer. Son but : incarner la figure du premier opposant et ainsi devenir le réceptacle à voix des déçus de la maire sortante. Pour cela, il compte enfoncer le clou et présenter l'ensemble de son programme début février... soit au même moment qu'Anne Hidalgo.