Un couac dès le départ ? Pour protester contre la réforme en cours du baccalauréat, plusieurs syndicats enseignants menacent de boycotter les nouvelles épreuves, dites de contrôle continu, qui doivent débuter lundi 20 janvier pour les élèves de première.
Cette session, qui ouvre une série de trois s’étalant jusqu’en terminale, doit porter sur l’histoire-géo, les langues vivantes ou encore les mathématiques pour les élèves de la voie technologique. Un contrôle continu qui, au total, comptera pour 30 % de la note finale.
Mais parce qu’ils estiment que le nouveau bac est mal préparé, certains profs veulent que ces épreuves soient reportées.
Et si le ministère de l’Education se veut de son côté confiant, cette colère s’inscrit dans un contexte déjà tendu et inquiète de nombreux parents, qui craignent de voir leurs enfants payer les pots cassés.
Un malaise général
Dans le viseur des contestataires, il y a d’abord la «banque nationale des sujets», une plate-forme informatique sur laquelle ils doivent piocher les sujets, ce qui permet ensuite aux chefs d’établissement d’organiser les «E3C», les épreuves communes de contrôle continu.
Un outil vite rebaptisé «bazar national systématisé», en raison des nombreux bugs constatés dès la mise en service en décembre. Aujourd’hui, le ministère assure que les failles ont été corrigées mais, sur le terrain, les avis restent mitigés.
"On craint un bug généralisé" : le nouveau bac inquiète des chefs d'établissement à quelques jours des premières épreuves https://t.co/GON9YRzoMz via @franceinfo
— COM EDUCATION PEDAGOGIE SNPDEN (@ComPedagogie) January 9, 2020
«Tout bugue depuis le départ, ce qui nous fait craindre un bug généralisé», résumait Florence Delannoy, secrétaire générale adjointe du SNPDEN, un syndicat de chefs d’établissements, sur franceinfo, le 8 janvier dernier.
Pour respecter le caractère national de l’examen, le ministère de l’Education demande par ailleurs à ce que les copies soient anonymisées, numérisées et corrigées sur écran par un autre correcteur.
Mais du fait des couacs, des profs excédés refusent de choisir les sujets et de faire passer les épreuves. Une fronde qui n’est pas sans rappeler «la grève» des copies du bac de juin dernier, qui avait donné des sueurs froides au ministère.
Mais si c’est une «lourdeur administrative» qui est à présent dénoncée, celle-ci vient compliquer la donne pour Jean-Michel Blanquer, en pleins pourparlers sur la rémunération des enseignants, et alors que les tensions sur la réforme des retraites restent vives.
Le ministre de l’Education a ainsi beau avoir promis, ce jeudi 16 janvier, «des augmentations entre 70 et 90 euros net par mois dès l’an prochain», les syndicats craignent que ces revalorisations soient conditionnées à des «contreparties», comme une hausse du temps de travail.
Des élèves dans le flou
Reste qu’en attendant, dans ce jeu d’influences où ministère et syndicats avancent chacun leurs pions, les élèves s’estiment être les grands oubliés. Sur les réseaux sociaux, beaucoup déplorent ainsi un manque d’information et vont, pour certains, jusqu’à regretter l’ancienne version de l’examen.
Dans une tribune publiée mardi 14 janvier dans Libération, un collectif assure même que les lycéens sont «sous pression et que les crises d’angoisse se multiplient».
«Il ne faut pas exagérer et dire qu’il y a une crise sanitaire», tempère toutefois la PEEP, deuxième fédération de parents d’élèves du pays. Pas sûr toutefois que cela suffise à calmer le malaise des premiers concernés.