Des images fortes. Reprenant le geste des avocats qui, le 10 janvier dernier, avaient jeté leur robe noire à terre afin de protester contre la réforme des retraites, des médecins de l'hôpital Saint-Louis, à Paris, ont eux aussi fait voler leur blouse blanche pour dénoncer le projet du gouvernement et, plus largement, alerter sur la situation de l'hôpital public.
La scène, filmée et saisissante, se déroule le mardi 14 janvier et a été abondamment relayée sur les réseaux sociaux. Elle contraste singulièrement avec le discours tenu.
«Que 2020 soit plus sereine que 2019», peut-on notamment entendre alors que les médecins quittent un à un la cérémonie des voeux abandonnant leur vêtement de travail au pied de leurs supérieurs.
Vœux du directeur de l’hôpital St-Louis à Paris. Du jamais vu. pic.twitter.com/ZIUnuO900T
— Bernard Jomier (@BernardJomier) 14 janvier 2020
Un geste des plus rares qui illustre parfaitement l'interminable malaise qui perdure depuis des mois entre les professionnels de santé, leur administration et le pouvoir en place.
Des démissions en série dans un hôpital public à bout de souffle
Mi-décembre, 660 médecins hospitaliers avaient notamment signé une tribune dans le Journal du Dimanche (JDD) menaçant de démissionner si de nouveau moyens n'étaient pas mis en place en faveur du système public de santé.
Ils étaient 1.000, dont environ 600 chefs de service, à indiquer, mardi, vouloir mettre leur menace à exécution. Une démission de leurs fonctions administratives, plus exactement, puisqu'ils assurent que les patients continueraient à être soignés.
Et si, entre temps, le conflit sur les retraites a mis entre parenthèses les problèmes plus larges de l'hôpital public, la fièvre qui avait pris en mars en se traduisant par une grève inédite, n'a cessé de s'étendre depuis à différents services.
Agnès Buzyn, la ministre de la Santé, a beau multiplier les annonces et les plans, dont un dévoilé le 20 novembre dernier prévoyant, entre autres, la reprise d'un tiers de la dette des hôpitaux publics (10 milliards sur 30, ndlr), cela n'a pas suffi à calmer la grogne, loin s'en faut.
La colère reste ainsi très forte parmi le personnel hospitalier mais aussi l'ensemble des paramédicaux.
Les collectifs à nouveau reçus dans les prochains jours
Dans ce contexte, Agnès Buzyn, par ailleurs elle-même médecin, devrait d'ailleurs à nouveau recevoir dans les prochains jours les différents collectifs qui structurent le mouvement au sein de l'hôpital public pour tenter de trouver une nouvelle fois une issue.
Elle a, en attendant, adressé lundi 13 janvier un communiqué de quatre pages dans lequel elle rappelle tout ce qui a été fait pour l'hôpital ainsi que le calendrier des différentes mesures déjà annoncées.
Un document qui, selon les professionnels hospitaliers s'apparente au mieux à une déclaration de bonne volonté, mais le remède pour faire descendre la fièvre, disent-ils, se fait, lui, toujours attendre.