Alors que la grève contre la réforme des retraites dépasse désormais les quarante jours, les opposants veulent maintenir la pression sur le gouvernement pour qu'il retire son projet et entendent se mobiliser trois jours durant.
Fer de lance de la contestation, l'intersyndicale CGT-FO a ainsi appelé à des actions dès ce mardi 14 janvier, puis le lendemain mercredi, mais aussi jeudi, jour où doit se tenir une nouvelle journée interprofessionnelle de grèves et de manifestations, la sixième du genre depuis le début du mouvement le 5 décembre dernier.
Dans cette attente, des transports aux administrations, en passant par les écoles, les tribunaux ou les hôpitaux, ce sont plusieurs secteurs qui devraient être affectés ou ralentis au cours des prochaines 72 heures.
A la SNCF, notamment, où, ce mardi, le taux de grévistes est remonté à 6 %, alors qu'un quart des conducteurs de train (24,8 %) ont également cessé le travail pour protester contre le projet de système universel de retraite voulu par le gouvernement, malgré le retrait provisoire de l'âge pivot.
Actions ciblées et défilés
Si la mobilisation était moins suivie dans l'Education, avec un peu plus de 4 % de grévistes dans le primaire et le secondaire, selon le ministère, plusieurs dizaines de professeurs ont néanmoins multiplié les actions, notamment devant la Sorbonne, à Paris, en jetant symboliquement du matériel scolaire sur les portes de la faculté.
Une manière de se faire entendre sur la réforme des retraites, au moment où Jean-Michel Blanquer, le ministre de l'Education nationale reçoit les organisations syndicales pour discuter de la revalorisation des salaires, mais aussi pour se faire entendre sur une autre réforme controversée, celle du baccalauréat, et ce alors que doivent avoir lieu, dans une semaine, la première session du contrôle continu de la nouvelle mouture de l'examen.
Plusieurs grands ports du pays, comme au Havre, à Nantes-Saint-Nazaire ou encore Marseille, entre autres, devaient également rester bloqués au moins jusqu'à vendredi, à l'appel de la fédération nationale CGT des Ports et Docks, pour une opération dite «ports morts», toujours en réaction à la réforme des retraites.
Du côté des raffineries, la CGT, là aussi majoritaire sur la plupart des sites, a également appelé à poursuivre les arrêts des expéditions de carburant jusqu'au 16 janvier inclus, «a minima» toutefois, selon le syndicat alors que les précédentes journées interprofessionnelles et l'arrêt total des expéditions du 7 au 10 janvier n'ont, du moins pour l'instant, pas entraîné de pénurie massive de carburant.
Parallèlement, plusieurs cortèges continuaient de défiler ce mardi dans le pays, rassemblant, notamment, quelque 5.550 personnes à Marseille, et 2.000 manifestants à Bordeaux, selon les chiffres officiels des autorités.
Emmanuel Macron s'est exprimé
En marge du sommet consacré au G5 Sahel, à Pau, (Pyrénées-Atlantiques), le président de la République Emmanuel Macron a enfin pris à nouveau la parole - après avoir été interpellé par un enseignant - pour affirmer que le gouvernement allait «continuer à expliquer et concerter» sur la réforme des retraites afin de lever une «inquiétude» selon lui «légitime».
Une déclaration remarquée qui semblait toutefois se heurter à une défiance massive de l'opinion publique, lorsque selon un sondage Harris Interactive publié dans la foulée, indiquait que six français sur dix soutiennent toujours les manifestations et les grèves contre la réforme des retraites.
Une adhésion forte vis-à-vis des opposants que semble déterminé à exploiter le chef de file des députés insoumis, Jean-Luc Mélenchon, en annonçant le dépôt d'une motion de censure contre le gouvernement, alors que le projet de loi retraites doit passer à l'Assemblée nationale, le 17 février prochain.