Emmanuel Macron a assuré vendredi aux 150 Français de la Convention citoyenne sur le climat (CCC) que des «décisions fortes» seront prises sur la base de leurs propositions, dont certaines pourront être soumises à référendum, pour lutter contre le réchauffement.
«Si on veut ensemble réussir cette aventure démocratique inédite, j'ai besoin que vous sachiez prendre des options fortes», a déclaré le chef de l'Etat en introduisant les échanges avec les membres de la Convention. «Sur cette base», «je prends l'engagement que des décisions fortes seront prises», a-t-il ajouté.
Emmanuel Macron a indiqué qu'il souhaitait, «sur quelques mesures, en appeler à un référendum, car c'est ce qui permettra de partager avec tout le monde la préoccupation sur le sujet». La décision sera prise à l'issue des travaux de la Convention, qui devrait remettre ses conclusions début avril.
«Je m'engage à revenir devant vous rendre compte des décisions» qui seront prises par le gouvernement sur la base des propositions, a assuré Emmanuel Macron.
Ce rendez-vous au siège du Cese (Conseil économique, social et environnemental) a été organisé à la demande des membres de la Convention, désireux d'interroger le chef de l'Etat alors qu'ils planchent depuis quatre mois sur les moyens de «réduire les émissions de gaz à effet de serre d'au moins 40% d'ici à 2030 par rapport à 1990».
Réagissant en direct sur Twitter, Greenpeace a regretté qu'Emmanuel Macron, tout en soulignant les «responsabilités» des 150 citoyens, «n'a décidément pas pris les siennes : de renoncements en fausses promesses, la politique climatique du Président n'est pas à la hauteur».
E. Macron indique aux 150 citoyen·nes les "responsabilités qu'ils prennent" avec la #ConventionCitoyenne
Car lui, n'a décidément pas pris les siennes : de renoncements en fausses promesses, la politique climatique du Président n'est pas à la hauteur https://t.co/SsZ9W2vMjt— Greenpeace France (@greenpeacefr) January 10, 2020
Quelques heures avant le débat, les ONG membres du Réseau Action Climat (RAC) avaient dénoncé le «grand écart» entre les «petits pas» du gouvernement pour le climat et les discours d'Emmanuel Macron.
Le chef de file d'EELV Yannick Jadot a pour sa part souhaité que le président Macron soit bien «à l'écoute» des propositions de la Convention et que celles-ci fassent l'objet d'un «suivi».
L'une des intervenantes au débat, Francine, de Manosque (Alpes-de-Haute-Provence), a regretté que les mesures récemment adoptées aient «un délai de mise en oeuvre très long, comme par exemple la fin des bouteilles en plastiques: 2040». «Comment s'assurer que ce ne sera pas pareil pour nos propositions?», a-t-elle demandé au président.
«On a fait une erreur sur la taxe carbone»
Avant de répondre aux questions de l'assistance plutôt sage, Emmanuel Macron est revenu sur le «risque» qu'il avait pris en lançant au printemps 2019 la Convention citoyenne en réponse au «grand débat national» né de la crise des gilets jaunes et du rejet de la hausse de la taxe carbone. Pour lui, il s'agissait de répondre aux Français qui ont «un problème de fin du mois et de fin du monde» et qui estiment «subir les décisions prises trop de haut en bas, peut-être trop simplistes, et qui ne prennent pas en compte les réalités de (leur) situation».
«On a fait une erreur sur la taxe carbone», a-t-il reconnu, «et j'ai ma part de responsabilité dans cette erreur» même si «elle a été votée» avant son élection en 2017. «L'acceptabilité d'une telle taxation, si elle était remise sur la table, n'est soutenable que si elle prévoit des mécanismes d'accompagnement pour à la fois les plus modestes et ceux qui en sont les victimes», selon lui.
Depuis octobre, les membres de la CCC se sont réunis à trois reprises pour examiner, en auditionnant des experts, sur cinq thèmes: se déplacer, se loger, se nourrir, produire et travailler et consommer. Certains planchent aussi sur des questions transversales comme le financement ou l'opportunité d'une révision de la Constitution. La session de ce week-end doit être consacrée à examiner les premières propositions avec l'objectif de les finaliser pour le début du mois d'avril.
En présentant ses voeux aux Français le 31 décembre, Emmanuel Macron avait indiqué qu'il lui reviendrait d'«affirmer au printemps des choix nouveaux et forts» pour «réduire nos émissions de gaz à effet de serre et lutter contre le réchauffement climatique mais aussi pour oeuvrer en faveur de la biodiversité». «Nous devons accélérer à toutes les échelles: locale, nationale, européenne et internationale», avait ajouté Emmanuel Macron, qui accueillera à Marseille en juin le Congrès mondial de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).