Après 35 jours de grève, l'intersyndicale (CGT, FO, FSU, Solidaires, et des syndicats étudiants) appelle à une manifestation interprofessionnelle jeudi 9 et samedi 11 janvier.
Jeudi, pour cette première manifestation de 2020, l'objectif pour les syndicats va être de mobiliser autant, voire plus, pour montrer au gouvernement que l'opposition à la réforme est encore forte dans la population française.
Après 35 jours de grève, soit la plus longue mobilisation sociale dans les transports depuis 30 ans, le défi est grand. Et la guerre des chiffres, entre ceux du ministère de l'Intérieur et ceux des syndicats, risque encore de faire rage.
Depuis le début de la grève le 5 décembre, trois mobilisations d'ampleur ont réuni des centaines de milliers de personnes les 5, 10 et 17 décembre dans toute la France. Le 5 décembre, 800.000 manifestants, selon le ministère de l'Intérieur (1,5 million selon les organisateurs), ont défilé. Des chiffres à peu près semblables ont été relevés le 17 décembre.
«la réforme des retraites sera menée à son terme»
La manifestation parisienne, qui sera sans doute la plus suivie, débutera sur la place de la République à 13h30 et se terminera à Saint-Augustin, un itinéraire de plus de 3 kilomètres.
La CFDT n'a pas appelé à manifester jeudi mais sera présente dans les rangs des manifestants samedi 11 janvier. Le premier syndicat de France, qui n'ast pas opposée à la réforme des retraites, s'oppose toutefois à la mesure qui prévoit la création d'un âge pivot à 64 ans.
Les autres syndicats, CGT en tête, espèrent un retrait total du projet. Lors de ses voeux adressés aux Français, le président de la République, Emmanuel Macron, a lui assuré que «la réforme des retraites sera menée à son terme».
La réforme des retraites est un projet de justice et de progrès social qui sera mené à son terme. Mais j’entends les peurs qui se font jour. Pour vous, avec les organisations syndicales qui le veulent, j’attends du Gouvernement qu’il trouve la voie d’un compromis rapide.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) December 31, 2019
Les journées du 9 et du 11 janvier s'annoncent déjà décisives pour la suite du mouvement social : une forte mobilisation redonnerait de l'espoir aux partisans du retrait de la réforme, à contrario, cela donnerait au gouvernement l'espoir que la grève finirait par s'essoufler par elle-même.
Les déplacements en France, surtout à Paris, s'annoncent déjà compliqués : la circulation sur les lignes de métros sera encore plus perturbée que d'habitude. La SNCF a déjà communiqué sur les perturbations : «le trafic sera d'un train sur trois sur l'Ile-de-France, alors même que plus de 3 millions de clients franciliens quotidiens sont revenus sur nos réseaux», explique l'opérateur ferroviaire qui recommande d'éviter les trains de banlieues.
Les cheminots ne seront pas les seuls à faire grève : dockers, avocats, employés de La Poste et des industries pétrolières, fonctionnaires, professeurs, pompiers et personnels naviguants devraient garnir les rangs des manifestants.
Le secrétaire général de FO, Yves Veyrier, a appelé lundi 6 janvier «solennellement l'ensemble des salariés» à se mobiliser jeudi contre le projet de réforme des retraites.
Les syndicats pourront compter sur le soutien de plusieurs groupes politiques situés à gauche de l'échiquier politique. Jean-Luc Mélenchon (LFI), Olivier Faure (PS), Fabien Roussel (PCF), Julien Bayou (EELV), Raphaël Glucksmann (Place publique), ont récemment signé une tribune appelant également au retrait du projet de loi. Ils devraient défiler dans la rue jeudi et samedi avec les grévistes.
DEs négociations compliquées
Si les dernières manifestations d'ampleur remontent à mi-décembre, les grèves ont continué pendant les fêtes. Plusieurs actions coups de poing ont défrayé la chronique, tendant un peu plus les relations et les négociations entre le gouvernement et les syndicats.
Mardi 7 janvier, plusieurs centaines de cheminots se sont introduits dans le siège social de BlackRock à Paris. Cette société américaine spécialisée dans la gestion d'actifs est soupçonnée par les opposants à la réforme de pousser pour la mise en place d'un système de retraites par capitalisation.
Le 1er janvier, la promotion du président de BlackRock France, Jean-François Cirelli, au rang d'officier de la légion d'honneur a fait polémique, certains y voyant une preuve de l'influence de BlackRock à l'intérieur du gouvernement.
PARIS - Les cheminots envahissent les locaux de #BlackRock. Situation en cours. #greve7janvier pic.twitter.com/AojIpp6vok
— Clément Lanot (@ClementLanot) January 7, 2020
La CGT, la CFE-CGC et la FSU, opposées à la réforme des retraites, ont claqué mercredi la porte de la réunion sur la pénibilité dans la fonction publique organisée par les secrétaires d'État Olivier Dussopt et Laurent Pietraszewski.
Un autre événement a compliqué les négociations : le projet de loi concocté par le gouvernement aurait déjà été envoyé au Conseil d'Etat, preuve selon certains syndicats, que la volonté affichée du gouvernement de négocier ne serait qu'une façade.