Valéry Giscard d'Estaing en couple en 1975, François Mitterrand à Strasbourg en 1988, avec ou sans drapeaux ou Marseillaise, assis ou debout : les voeux présidentiels télévisés du Nouvel an, inaugurés en 1960 par Charles de Gaulle, ont connu des variantes, selon les chefs d'Etat et les années.
Mais pour la plupart, ces changements sont limités ou sans lendemain, et la continuité domine pour ce rituel républicain.
En couple au coin de la cheminée
En 1974, pour ses premiers voeux, Valéry Giscard d'Estaing, renonçant au bureau de ses prédécesseurs, se présente au coin du feu, assis dans un fauteuil près d'une cheminée de l'Elysée.
En 1975, dans la même scénographie, son épouse est présente à ses côtés et VGE déclare : «je crois qu'Anne-Aymone veut aussi vous adresser ses voeux». Celle-ci s'exécute en quelques mots. Ce sera la seule fois qu'une première dame se pliera à l'exercice.
«Vive la République»
Pour ses premiers voeux en 1981, François Mitterrand innove sur la forme avec le sous-titrage pour sourds et malentendants. Plus tard, comme pour les autres programmes de télévision, les évolutions techniques permettront d'avoir accès aux sous-titres à la demande.
Le président socialiste renoue avec la formule de conclusion «Vive la République ! Vive la France !» du général de Gaulle, que Georges Pompidou puis Valéry Giscard d'Estaing Giscard avaient délaissée.
A partir de 1984, le drapeau français est installé à ses côtés.
Vœux strasbourgeois
Le 31 décembre 1988, François Mitterrand est à Strasbourg, avec en arrière-plan le drapeau français et, pour la première fois, le drapeau européen, «parce que Strasbourg est la capitale de l'Europe».
Son choix est hautement symbolique pour soutenir la capitale alsacienne dans la bataille qui l'oppose à Bruxelles pour le choix définitif du parlement de la Communauté européenne.
C'est la seule fois qu'un chef de l'Etat quitte l'Elysée pour les voeux de Nouvel an. Mais les deux drapeaux, tricolore et étoilé, deviendront la norme.
Marseillaise ou musique classique
Ces voeux strasbourgeois se concluent par une Marseillaise chantée par les chœurs de l'Opéra du Rhin.
Mais si M. Mitterrand ne dédaigne pas l'hymne national, il fait précéder ses allocutions du 31 décembre par une musique grand siècle, à l'instar de ses prédécesseurs Georges Pompidou et Valéry Giscard d'Estaing.
C'est Jacques Chirac qui renouera avec la tradition du général de Gaulle : les voeux sont précédés et suivis de la Marseillaise. Ses successeurs, Nicolas Sarkozy et François Hollande, suivront son exemple.
Des voeux debout
Le 31 décembre 1997, Jacques Chirac, confronté à une cohabitation avec un gouvernement de gauche, reste debout pour donner plus de dynamisme à son message. C'est une première. Ensuite, selon les années, les présidents seront debout, ou assis derrière leur bureau.
Rarement en direct
Le 31 décembre 2007, Nicolas Sarkozy présente ses premiers voeux présidentiels en direct, une innovation qui n'aura guère de succès par la suite.
Autre changement, mais au générique : un travelling sur la façade de l'Elysée - et ses nouvelles illuminations - remplace le plan fixe des années précédentes. En 2008, ses voeux débuteront sur fond de tour Eiffel en bleu, ornée des étoiles du drapeau européen.
Depuis 2009, le message présidentiel est visible, en même temps qu'à la télévision, sur internet ou téléphone portable.
Entre 9 et 11 millions de téléspectateurs
Les voeux présidentiels sont généralement bien suivis, entre 9 et 11 millions de téléspectateurs. Pour les derniers de François Hollande, en 2016, alors qu'il avait déjà annoncé ne pas se représenter, l'audience a été de dix millions.