Alors que la grève contre la réforme des retraites perturbe les transports en commun depuis plus d'un mois, beaucoup de Franciliens se reportent vers d'autres solutions, à l'instar du Vélib'. Mais face à la demande, le service montre vite ses limites.
Près de deux ans après l'arrivée des nouveaux Vélib', déployés par l'opérateur Smovengo, le service – sursollicité pendant ces jours de grève – semble en effet être mis à rude épreuve. Entre vélos abîmés, cassés ou tout simplement indisponibles, les usagers se disent en effet souvent déçus de leur expérience.
deux fois plus d'utilisations qu'à l'accoutumée
Et la situation semble empirer de jour en jour – qu'il s'agisse des vélos mécaniques ou électriques – avec un nombre d'utilisateurs en pleine explosion (plus de 320.000 abonnés au 17 janvier 2020), et des deux-roues deux fois plus empruntés que d'habitude.
«Depuis le 6 janvier, la fréquentation du service repart à la hausse : près de 900.000 courses ont été effectuées la semaine dernière pour une moyenne de près de 130.000 trajets quotidiens», a ainsi communiqué Vélib' Métropole le 17 janvier.
Une «fréquentation deux à trois fois supérieure à la normale saisonnière» pour le groupe Smovengo, qui assure que les vélos parcourent quotidiennement 45 km en moyenne, utilisés jusqu'à 15 fois par jour (contre 6 à 7 fois en temps normal).
Pour mettre à votre disposition un maximum de vélos, nos équipes de maintenance effectuent jusqu'à 700 réparations par jour. 300 sont réalisées directement en station et 400 dans nos ateliers. #Vélib #Ilsfontvélib #teamwork pic.twitter.com/lYHV1g89Zv
— Vélib' (@Velib) January 17, 2020
Depuis le premier jour de la grève (5 décembre 2019), «plus de 5,2 millions de courses ont été effectuées en Vélib'» (dont 1,5 million rien que lors des dix premiers jours de grève). Soit une moyenne de près de 120.000 trajets par jour.
Une utilisation massive du service soulignée par Smovengo, qui contaste que «l'état des vélos a été fortement impacté [au mois de décembre]» et ce, malgré les efforts fournis par les équipes de maintenance et de régulation, qui ne peuvent intervenir que la nuit à cause des embouteillages quotidiens.
Selon Smovengo, «des équipes de régulateurs ont été formées pour assurer une présence renforcée» pendant la grève et tout particulièrement «dans les zones de forte demande», chargées de «remplir ou décharger les stations Vélib’ plus rapidement, en fonction du besoin». Mais sur le terrain, l'ambiance est tout autre et les usagers s'en plaignent, en pointant notamment les stations pleines et/ou les vélos immobilisés.
Des élus remontés
A tel point que la municipalité avait demandé à rencontrer le Syndicat Vélib’ Métropole (SAVM) mi-décembre à ce sujet, en présence de Smovengo, réclamant d’en savoir plus «sur les efforts faits en matière d’approvisionnement des stations et de réparation des vélos endommagés ou surutilisés».
Plusieurs élus franciliens étaient alors montés au créneau, tenant également à faire part de leur déception, à l'instar de David Belliard, le candidat EELV aux municipales à Paris, qui a qualifié le 15 décembre dernier le service Vélib' par Smovengo de «désastreux», ajoutant qu'il mettrait fin au contrat «en l'absence de progrès» s'il était élu.
«Comme nous le craignions, les Parisiens ne peuvent pas compter sur Vélib' en cette période de grève», a également fait savoir Pierre-Yves Bournazel, ex-candidat à la mairie de Paris rallié à Benjamin Griveaux, qui demande à la municipalité de «mettre en demeure Smovengo», afin que l'opérateur «déploit les 24.000 vélos annoncés» et «en assure la parfaite maintenance».
Comme nous le craignions, les Parisiens ne peuvent pas compter sur Vélib en cette période de grève: la Mairie de Paris doit mettre en demeure Smovengo de déployer les 24000 vélos annoncés et d’en assurer la parfaite maintenance. https://t.co/gEsTn7CEHb
— PierreYves Bournazel (@pybournazel) December 15, 2019
D'autres opérateurs également à la peine
A titre de comparaison, le service de scooter électrique en free-floating Cityscoot apparaît lui aussi en difficulté. «En raison d'une demande exceptionnelle, peu de Cityscoot sont disponibles», communique ainsi tant bien que mal l'opérateur, qui avait littéralement dû retirer une partie de sa flotte pour assurer un service de qualité.
Pareil côté trottinettes. Mi-décembre, l'opérateur Lime avait communiqué sur les chiffres exceptionnels, connus par le service depuis le début de la grève. De fait, Lime avait comptabilisé 64.000 nouveaux utilisateurs (en dix jours seulement), soit une augmentation de 530 % au total. De même, le nombre de trajets quotidien en trottinettes Lime avait augmenté de 90 % par rapport à une période normale.