La préfecture de police Paris redoute que la manifestation du 5 décembre contre la réforme des retraites ne dégénère. Estimant que ce contexte social «des plus tendus» pourrait générer «violences et dégradations», elle a donc demandé aux commerçants présents sur le parcours de fermer.
«Les propriétaires ou exploitants des commerces, débits de boissons et restaurants» installés sur les boulevards menant des gares du Nord et de l’Est jusqu’à la place de la Nation «doivent procéder à leur fermeture jusqu’à la fin de la manifestation intersyndicale», prévue pour 19h, selon l’arrêté de la préfecture.
Ce dispositif avait déjà été mis en place pour la manifestation du 1er mai 2019 qui avait connu, selon la préfecture, «des violences et dégradations commises par des groupes de casseurs mobiles, déterminés, habitués et intéressés au butin».
@prefpolice informe les commerçants, dont les établissements se trouvent sur le parcours de la manifestation intersyndicale, de l'arrêté pris par le préfet de Police :
fermeture des commerces
enlèvement des mobiliers et équipements pouvant servir de projectiles pic.twitter.com/tWYzQqtg96— Préfecture de Police (@prefpolice) December 3, 2019
Les commerçants sont également invités à fermer «terrasses, contre-terrasses et étalages», qui doivent «être vidés de tout mobilier, équipement et aménagement commercial pouvant servir de projectile ou d’arme par destination».
Dans son arrêté, la préfecture estime que le «contexte social et revendicatif des plus tendus, notamment avec des appels à des rassemblements de 'gilets jaunes' à Paris», permet de penser que des «violences et dégradations (...) sont susceptibles de se reproduire sur le parcours de la manifestation».
Dans un communiqué, la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) Ile-de-France invite également «les commerçants à se conformer aux dispositions prises par la PP pour éviter toute dégradation pouvant être portée à leurs biens». Cette dernière «souhaite que ces manifestations se déroulent dans le calme et que le commerce ne soit pas ‘impacté’ durablement par un conflit social qui pourrait dégrader l’économie francilienne dans la période des fêtes».
Une perte de chiffre d'affaires ?
Bien qu'il affirme comprendre ces mesures, le Conseil du commerce de France (CdCF), qui regroupe 31 fédérations professionnelles, regrette «que cela se traduise de facto par la fermeture des commerces et les empêche ainsi de disposer librement de leur outil de travail», risquant «d’entraîner pour eux une perte de chiffre d’affaires».
Le CdCF «espère que l’activité des commerçants ne sera pas entravée au-delà du 5 décembre», car il serait «dommageable, voire irrémédiable pour certains» en cette période-clé des fêtes de fin d’année «que les blocages stoppent la consommation pendant des semaines».