Ne vous fiez pas à ses jolies teintes: la région de Dallol, en Ethiopie, est l'une des zones les plus inhospitalières de la planète, et donc les moins propices au développement de la vie.
C'est l'endroit considéré comme le plus chaud sur Terre. La température des sources chaudes avoisine les 100 °C, le pH de l'eau est extrêment acide (proche de 0), et sa teneur en sel et en métaux (fer, cuivre...) est hors compétition. Si, en mai dernier, des chercheurs avaient annoncé y avoir découvert des organismes nanoscopiques, une autre équipe de scientifiques vient remettre en cause leurs conclusions dans une étude publiée dans la revue Nature.
«Après avoir analysé beaucoup plus d'échantillons que lors des travaux précédents [...] nous avons vérifié qu'il n'y avait pas de vie microbienne dans ces eaux salées, chaudes et hyperacides ou dans les lacs de saumure riches en magnésium», affirme ainsi Purificacion Lopez Garcia, chercheur en biologie évolutive au CNRS, cité par Futura Sciences. Et si des «archées halophiles», un type de micro-organisme primitif féru de sel, ont pu être retrouvées «dans le désert et les canyons environnants», c'est tout simplement dû «au vent et aux touristes» qui les ont transportées, d'après elle.
Our Dallol hydrothermal system microbial diversity paper just out @NatureEcoEvo. Despite abundant liquid water, we found two new life limits: no life in hyperacidic+hypersaline pools and in the Mg-rich Yellow and Black lakes https://t.co/A4hdV7XnZx pic.twitter.com/NbA35Xdauf
— DEEM team Orsay (@DEEMteam_Orsay) October 29, 2019
Qui dit eau ne dit pas forcément vie
Les chercheurs franco-espagnols expliquent que l'essor de la vie à Dallol est rendu impossible par le concours de deux élements: d'une part l'abondance de sels de magnésium chaotropes, qui détruisent la structure des biomolécules, d'autre part les conditions extrêmes (hypersalinité, hyperacidité et chaleurs extrêmes).
Avant de faire une piqûre de rappel: dès lors qu'il existe bel et bien, sur la planète, des régions totalement stériles malgré la présence d'eau, ce dernier critère doit être pris avec de multiples pincettes quand il s'agit de déclarer une exoplanète habitable pour l'Homme. Ce que Christopher Nolan avait, semble-t-il, déjà tenté de montrer dans son film «Interstellar».