La secrétaire d'Etat auprès de la ministre de la Transition écologique Emmanuelle Wargon a annoncé, mardi 26 novembre, que huit personnes ont été tuées depuis l'ouverture de la saison de la chasse (qui s'étend de fin août à février). Alors que, chaque année, plusieurs drames similaires sont à déplorer, comment les expliquer ?
Dans la très grande majorité des cas, ces accidents mortels sont le fait de manquements aux règles élémentaires de sécurité.
Concrètement, cela peut être un tir opéré sans identification de la cible et effectué dans la précipitation, ou une mauvaise manipulation, voire un mauvais entretien de l'arme utilisée.
Un «état d'avancement de la loi» demandé
Pour tenter de limiter les morts, dont le nombre, comme l'explique Emmanuelle Wargon, «est supérieur au bilan total de la saison précédente, alors même que la saison en cours est loin d'être terminée», la responsable politique a souhaité que soit réalisé «un état d'avancement de la mise en œuvre par le monde cynégétique des mesures de sécurité introduite par la loi».
En clair, et comme la secrétaire d'Etat l'a formulé dans un courrier envoyé au président de la Fédération nationale de la chasse Willy Schraen, l'Etat demande aux chasseurs comment cette loi, qui date de juillet 2019, s'applique sur le terrain par les principaux concernés.
Le renforcement de la sécurité à la chasse est une des priorités de la loi du 24 juillet dernier.
À la suite des récents accidents, j’ai interpellé le Président de la Fédération Nationale des Chasseurs pour que ces mesures soient pleinement mises en œuvre sur tout le territoire. pic.twitter.com/bLxBeht8lP— Emmanuelle Wargon (@EmmWargon) November 26, 2019
Parmi les mesures de ce texte, figurent notamment l'obligation de signaler les «actions collectives de chasse à tir», le port du gilet fluorescent, ou encore une remise à niveau tous les dix ans «par une formation aux règles de sécurité».
Reste que si la demande de la secrétaire d'Etat sera probablement suivie d'effets, rien ne dit quand précisément, un retour sera disponible, étant donné qu'aucun délai dans sa missive n'est indiqué.
Quant à savoir si cet «état d'avancement» va vraiment permettre de réduire le nombre de morts et de blessés, cela pourrait s'apparenter à un vœu pieux.
Un délit d'entrave à la chasse créé
Le texte de loi soulevé n'évoque en effet pas de renforcement des contrôles et des sanctions en cas d'accident. Ce qui pourrait conduire chez les chasseurs à un certain relâchement de leur vigilance.
A noter en outre que lors du vote de la loi au Sénat, les sénateurs avaient créé un délit d'entrave pour sanctionner plus sévèrement l'action d'empêcher de chasser.
En théorie, toute personne qui s'opposerait à une action de chasse encourt ainsi une peine d'un an d'emprisonnement et 30.000 euros d'amende, contre une simple contravention auparavant.
Un enjeu électoral loin d'être négligeable
En France, entre 1,1 et 1,3 million de personnes détiennent un permis de chasse. Une population réputée pour être politiquement mobilisée et un enjeu loin d'être négligeable, à quatre mois des élections municipales de mars 2020.
En mai dernier, à six jours à peine du scrutin européen du 26 mai 2019, le même Willy Schraen avait d'ailleurs écrit une lettre remarquée à ses adhérents pour adresser ses remerciements à Emmanuel Macron qui, l'année précédente, avait consenti à faire passer le prix du permis de chasse national de 400 à 200 euros.
Et s'il ne s'agissait pas, à proprement parlé, d'un appel à voter pour la liste de la majorité, la démarche semblait bien s'apparenter à un appel du pied.