Deux policiers sont poursuivis pour leur responsabilité dans la diffusion d'une vidéo macabre l'an dernier, sur laquelle on peut voir un homme s'empaler sur un poteau de trottoir à Paris, a indiqué le parquet ce mercredi 20 novembre. Ils seront jugés le 23 avril 2020.
Les deux hommes sont poursuivis pour «détournement d'images de vidéosurveillance». L'un d'eux sera aussi jugé pour «violation du secret professionnel», et l'autre pour recel de ce délit, a révélé Le Parisien.
Cette affaire dramatique remonte au 27 septembre 2018. Louis, un jeune homme de 26 ans, suicidaire, saute du 6e étage de son immeuble, situé dans le 17e arrondissement de Paris. Mais au lieu de s'écraser en contrebas, il s'empale sur un poteau. Arrivés sur place, les pompiers doivent scier le morceau de métal pour libérer le jeune homme, qui succombera finalement à ses blessures un peu plus tard, à l'hôpital Beaujon de Clichy (Hauts-de-Seine).
Plusieurs vidéos, dont des images de vidéosurveillance de la rue puis d'autres de l'homme à l'agonie au bloc opératoire, avaient ensuite circulé sur les réseaux sociaux et fait un buzz sordide, totalisant des centaines de milliers de vues. C'est seulement pour la captation des images de vidéosurveillance que les deux policiers sont poursuivis.
Le premier est opérateur de vidéosurveillance et était donc habilité à visionner les images. Sur la vidéo qui a été diffusée sur Internet, on le voit montrer à ses collègues les images du suicide qui défilent sur son écran d'ordinateur, dans le commissariat du 11e arrondissement. L'un d'eux, derrière lui, filme l'écran avec son smartphone, puis diffuse la vidéo sur un groupe WhatsApp interne à la police. C'est lui le second homme mis en cause, qui a «assumé» et reconnu les faits selon Le Parisien.
La personne qui a fait fuiter la vidéo sur internet pas identifiée
«Cette vidéo n'aurait jamais dû sortir de leur circuit», regrette une source proche du dossier, citée par le quotidien. Les policiers de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), à qui l'enquête avait été confiée, n'ont pas réussi à identifier la ou les personnes ayant fait fuiter la vidéo sur le web, toujours selon Le Parisien.
Du côté des parents du jeune homme, qui avaient porté plainte, notamment pour «atteinte à l'intimité de la vie privée», on est soulagé de la décision du parquet de Paris d'engager des poursuites. «L'atteinte insoutenable à la dignité et à la mémoire de son fils au profit du sensationnel ne devrait pas rester impunie», a déclaré au Parisien Fanny Colin, l'avocate de la mère de Louis.
Cependant, le deuxième volet judiciaire de cette affaire, concernant la vidéo de la victime mourante à l'hôpital, n'est toujours pas résolu. Sur celle-ci, elle aussi particulièrement choquante, on pouvait voir un pompier retirer le poteau du corps du jeune homme, avant de «l'exhiber comme un trophée». L'AP-HP (Assistance publique - Hôpitaux de Paris) avait déposé plainte et ouvert une enquête administrative.