Une «grande gueule» toujours «disponible pour les autres», un «bon père» qui pouvait rentrer «fortement alcoolisé» : au premier jour du procès de Willy Bardon, poursuivi pour le viol et le meurtre d'Elodie Kulik en 2002, les témoins ont commencé à dessiner la personnalité contrastée de l'accusé.
Willy Bardon a été «un bon père, il n'a jamais été méchant avec nous», a spontanément déclaré devant les assises de la Somme à Amiens son ancienne compagne, Christelle P., avec laquelle il a entretenu une relation pendant 24 ans, et dont il a eu un fils, né en 2003.
Peu loquace, souvent hésitante devant les questions de la présidente Martine Brancourt, Christelle P. a ensuite évoqué la consommation d'alcool de l'accusé, de plus en plus importante «au fil des années» selon elle, notamment après des "sorties 4x4», sa passion.
Elle l'a expliquée par «l'entourage amical» de l'accusé : dans le «milieu 4x4» que le couple fréquentait, «il y a toujours eu une très bonne ambiance» et lors des soirées, auxquelles Willy Bardon assistait plus souvent qu'elle, «il y avait toujours beaucoup d'alcool».
«Quelqu'un d'autre»
«Il a toujours été travailleur», faisant en sorte que sa famille «ne manque de rien», a aussi remarqué son ancienne compagne. Au point qu'elle avait «l'impression d'avoir vécu avec quelqu'un d'autre» que l'homme que lui ont décrit les gendarmes au cours de l'enquête. C'est eux qui lui ont appris la relation extra-conjugale qu'il entretenait, ayant entraîné leur rupture.
La maîtresse de M. Bardon est aujourd'hui devenue sa concubine. Elle doit être entendue vendredi.
René Bardon, le frère aîné de l'accusé, a, lui, détaillé comment il s'est rapproché de ce dernier à partir de 2013 et sa mise en examen.
«J'ai bien senti qu'il avait besoin de moi comme soutien, je suis son seul frère de sang», a-t-il avancé, évoquant leurs sept demi-frères et soeurs.
«On a eu une enfance classique, on a été élevés à la normale». Willy Bardon «est courageux, toujours disponible pour les autres», dit-il, tout en reconnaissant son caractère «grande gueule».
Questionné sur la consommation d'alcool de son frère, il a souligné que leur père avait eu «une dépendance alcoolique». «Ca marque les esprits quand vous êtes ado. Mais je sais que c'est un poison, et que ça peut être grave. Je ne pense pas que mon frère est dépendant de l'alcool».
L'enquêtrice de personnalité avait peu avant décrit un milieu familial «modeste», avec un père «mécanicien poids lourd» et une mère au foyer, répondant aux «besoins matériels» de Willy Bardon pendant son enfance, et «sans carence affective».
Relations «à trois»
Au cours des débats, plusieurs questions ont également abordé le désir de relations sexuelles «à trois» de M. Bardon, entraînant de premiers accrochages à l'audience.
Les avocats de la partie civile ont justifié ces questions par le fait que la victime, Elodie Kulik, avait été violée «par deux personnes». «Rien ne permet de l'affirmer», a rétorqué en substance Me Stéphane Daquo, avocat de la défense.
En janvier 2002, le corps de cette jeune femme de 24 ans avait été retrouvé dénudé et partiellement calciné à Tertry, à une vingtaine de km de Saint-Quentin.
Cette directrice d'une agence bancaire à Péronne (Somme) avait été violée puis étranglée, alors qu'elle rentrait chez elle. Sa voiture avait été découverte à six kilomètres de là, accidentée, en bordure d'une route départementale.
Willy Bardon n'a pas été auditionné par la gendarmerie avant 2012, quand les policiers avaient pu conclure à l'implication dans les faits d'un premier jeune homme, Grégory Wiart, grâce à une nouvelle technique de recherche ADN utilisée pour la première fois en France. Les deux hommes s'étaient connus par leur passion commune pour le 4x4.