Alors que l'émission d'investigation «Envoyé spécial», diffusée ce jeudi 11 juin à 21h05 sur France 2, est consacrée aux plaintes de plusieurs gilets jaunes pour violences policières, retour sur l'affaire du CRS qui, en décembre 2019, avait été le premier membre des forces de l'ordre jugé pour «violences volontaires», dans le cadre du mouvement.
Ce policier, âgé de 44 ans, comparaissait très exactement «pour violences volontaires de la part d'une personne dépositaire de l'autorité publique» après avoir lancé un pavé en direction de manifestants lors de la mobilisation du 1er mai, dans le XIIIe arrondissement de la capitale.
Il avait été condamné, à l'issue de son procès, à deux mois de prison avec sursis.
«Je ne veux pas en faire un exemple», avait indiqué la procureure dès le début de son réquisitoire car «ce n'est pas le procès de la police», avait-elle ajouté.
Sur deux vidéos visionnées à l'audience, on avait pu voir le prévenu lancer un pavé en direction de manifestants rassemblés dans la capitale pour la Fête du travail. Les images ne montraient en revanche pas où avait atterri le projectile et s'il avait blessé quelqu'un.
«Peu importe le résultat mais lorsque le prévenu lance ce pavé il ne peut pas ignorer qu'il peut provoquer des blessures graves», avait ajouté la procureure, assurant que le geste n'était «pas strictement proportionné».
Emu et le visage fermé, le brigadier, 44 ans dont vingt dans la police, avait de son côté évoqué «un geste de peur» et «absolument pas» de colère.
Mobilisé ce jour-là depuis le matin avec sa compagnie, le fonctionnaire avait évoqué des «scènes de guérilla» sous «une pluie permanente de projectiles» : «On n'a pas le temps de descendre en pression», s'était-il défendu.
Quelques minutes avant les faits, le prévenu avait vu son chef de section être gravement blessé au visage par un pavé jeté par un manifestant.
«Notre capitaine était sérieusement blessé, c'est notre boss, donc on s'inquiète pour lui, en plus ça bouge de partout», avait ajouté le policier, dont l'avocat avait plaidé la relaxe.
Alors, «par réflexe», le fonctionnaire avait dit avoir renvoyé «ce pavé pour avoir une distance de sécurité», affirmant qu'il se «sentait agressé» par les manifestants. Mais, «je ne voulais blesser personne», avait-il insisté, en soulignant avoir lancé le projectile «dans une zone neutre».
Pour le président, l'extrait vidéo s'était pourtant montré «ravageur pour l'image des forces de l'ordre», tout en évoquant «une foule agressive».
La cour après avoir requis trois mois de prison avec sursis à son encontre s'était donc montré plus clémente.