Candidate Les Républicains aux municipales 2020 à Paris, Rachida Dati a réalisé une belle campagne et a redonné espoir à la droite. Elle incarne désormais l'opposition face à la maire socialiste réélue, Anne Hidalgo.
Rachida Dati, 54 ans, est née en Saône-et-Loire (Bourgogne), dans un milieu modeste. Elle a passé son enfance à Chalon-sur-Saône, entourée de ses onze frères et soeurs ainsi que de ses parents, venus du Maroc et d'Algérie. Elle y obtient son bac en 1983, avant de commencer des études de médecine, finalement avortées. Poussée par son père, elle aspire très vite à grimper les échelons.
Elle obtient un DEUG de sciences économiques à Dijon, puis une maîtrise de sciences économiques à l'université Panthéon-Assas, à Paris. A partir de 1992, elle suit des cours de maîtrise en administration des affaires à l'Institut supérieur des affaires. Puis, en 1996, elle obtient une maîtrise en droit public et entre à l'Ecole normale de la magistrature (ENM), où elle étudie jusqu'en 1999.
En parallèle, Rachida Dati commence à intégrer le monde de l'entreprise, à la direction comptabilité-finance du groupe Elf Aquitaine, puis à la direction de l'audit de Matra communication ainsi qu'à la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD). Elle devient ensuite contrôleuse de gestion à la Lyonnaise des eaux, puis conseillère technique à la direction juridique du ministère de l'Éducation nationale, de 1995 à 1997.
Des rencontres déterminantes
Pendant ces premières missions, elle fait la connaissance de plusieurs poids lourds économiques et politiques, tels qu'Albin Chalandon, Jean-Luc Lagardère ou encore Jacques Attali. Elle accède à son premier poste dans le domaine judiciaire en 1999, en étant nommée juge au tribunal de grande instance de Péronne (Somme). En 2003, elle arrive en région parisienne, en tant que substitut du procureur au tribunal d'Évry.
C'est en 2002 qu'elle s'engage en politique, auprès de Nicolas Sarkozy (alors ministre de l'Intérieur), en devenant conseillère sur le projet de loi concernant la «prévention de la délinquance». Il l'emmène ensuite avec lui en 2004 lorsqu'il est nommé ministre de l'Economie, puisqu'elle intègre son cabinet en tant que conseillère technique.
Dans le même temps, Rachida Dati met un pied dans les Hauts-de-Seine, fief traditionnel de la droite. De 2004 à 2005, elle officie en effet au conseil général en tant que directrice générale adjointe avec une délégation très sensible : celle de l'attribution des marchés publics.
Dans la foulée, elle adhère à l'Union pour un mouvement populaire (UMP) en décembre 2006. Et lorsque Nicolas Sarkozy est désigné candidat à la présidentielle de 2007, il la nomme – en duo avec Xavier Bertrand – porte-parole de sa campagne. L'élection remportée, elle devient ministre de la Justice. Un poste de Garde des Sceaux qu'elle occupe pendant deux ans, jusqu'en juin 2009.
Ses premiers engagements à Paris
En parallèle, Rachida Dati est élue maire du 7e arrondissement, lors des élections municipales de 2008 avant de devenir, quelques mois plus tard, députée européenne. Pendant près de dix ans, elle cumule les deux postes, faisant la navette entre Paris et Strasbourg jusqu'en 2009.
En vue des élections municipales de 2014, elle se présente à la primaire de l'UMP pour devenir la tête de liste à Paris. Elle finit néanmoins par se retirer, estimant que Nathalie Kosciusko-Morizet «a déjà été choisie par les médias et le système». Elle est finalement réélue dans le 7e. En 2015, elle est suspendue du groupe Les Républicains dans la capitale, car elle ne versait plus ses cotisations à la formation politiques.
Mais avec son fort caractère, Rachida Dati, décrite comme «clivante», divise même au sein de son propre camp. Nombre de ténors LR ne la soutiennent que du bout des lèvres, tandis qu'elle a le plus grand mal du monde à rallier tous les barons de la droite de la capitale.
Lors d'une réunion des maires d'arrondissements et parlementaires parisiens du parti, en décembre 2018, elle a même failli en venir aux mains avec l'ancien maire du 16e, Claude Goasguen, rapporte le JDD. «Le ton est monté, ils se sont levés pour s'empoigner... Il a fallu un coup de gueule de Wauquiez pour les calmer», rapporte ainsi un représentant LR présent au moment des faits.
Malgré des oppositions au sein de son camp, elle a été préférée par la Commission d'investiture à Marie-Claire Carrère-Gée, ancienne secrétaire générale adjointe de l'Élysée sous Jacques Chirac. Sa détermination de fer a été d'une grande utilité pour Rachida Dati pendant cette campagne des municipales, tant Les Républicains semblaient mal embarqués.
Elle a notamment trouvé face à elle plusieurs anciens membres des LR, qui ont décidé de faire cavalier seul ou de rejoindre La République en Marche. C'est notamment le cas de Pierre-Yves Bournazel, député parisien et élu du 18e, devenu porte-parole d'Agnès Buzyn, ou des maires sortantes Florence Berthout (5e) et Delphine Bürkli (9e).
Rachida Dati a réussi à enclencher une belle dynamique et à doubler les candidats du parti présidentiel, obtenant 22 % des voix au premier tour (29 % pour Anne Hidalgo) puis 34 % au deuxième tour (48 % pour la socialiste). Ce score lui a permis de constituer un groupe de 57 élus parisiens.
Forte de son nouveau poids politique, Rachida Dati a été désignée début juillet comme présidente du groupe Les Républicains au conseil de Paris. Elle est désormais la première opposante à Anne Hidalgo dans la capitale, et s'est repositionnée sur l'échiquier politique national.
Par ailleurs, Rachida Dati est visée par une enquête pour «abus de biens sociaux» et «corruption» du Parquet national financier (PNF). Elle porte sur des prestations de conseils conclues notamment par l'élue avec la filiale néerlandaise de l'alliance Renault-Nissan, RNBV. L'enquête a été confiée à trois juges d'instruction en octobre 2019.