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Tout savoir sur Sylvie Goulard, dont la candidature à la Commission européenne a été rejetée

Sylvie Goulard, 52 ans, et soutien de la première heure d'Emmanuel Macron, a été ministre des Armées durant un mois, entre mai et juin 2017. Sylvie Goulard, 52 ans, et soutien de la première heure d'Emmanuel Macron, a été ministre des Armées durant un mois, entre mai et juin 2017. [ERIC PIERMONT / AFP]

L'éphémère ministre Sylvie Goulard, 54 ans, a vu sa candidature au poste de commissaire européenne au Marché intérieur, chargée de l'industrie de la Défense, être rejetée par le Parlement européen le 10 octobre dernier.

Les eurodéputés ont avancé des raisons éthiques pour justifier leur choix, Sylvie Goulard, 54 ans, étant notamment sous le coup d'une enquête judiciaire en France. C'est Thierry Breton, actuel PDG du groupe Atos et ex-ministre de l'Economie, qui devrait la remplacer.

Ancienne députée européenne, la native de Marseille a «une expérience européenne reconnue» et «a la capacité de jouer un rôle majeur au sein de la Commission» présidée par l'Allemande Ursula Von der Leyen, avait souligné la présidence française en proposant sa candidature.

Bachelière à 15 ans, elle n’a pas encore 20 ans lorsqu’elle obtient en 1984 une licence de droit à l’Université d’Aix-en-Provence. Elle quitte ensuite sa Provence natale pour «monter» à Paris afin de poursuivre des études à Sciences Po. Diplômée de la prestigieuse école de la rue Saint-Guillaume en 1986, elle enchaîne ensuite avec l’École nationale d’administration (ENA).

Au sein de la promotion 1989, nommée «Liberté, Egalité, Fraternité», en raison du bicentenaire de la Révolution française, elle côtoie le breton Guillaume Goulard, aujourd'hui conseiller d'Etat, et qui deviendra son mari. De leur mariage naîtront trois filles.

L'Europe pour passion

Polyglotte - elle parle aussi bien l'anglais, que l'italien et l'allemand - la jeune énarque fait très tôt des questions européennes sa spécialité. Et alors qu'elle commence sa carrière à la Direction des affaires juridiques au ministère des Affaires étrangères, le destin va lui permettre de se faire remarquer.

Le mur de Berlin s'effondre en 1989 et Sylvie Goulard est alors propulsée au sein de l'équipe française chargée de négocier la réunification de l'Allemagne. Puis, après un passage au Conseil d'Etat entre 1993 et 1996, elle travaille au service de prospective du ministère des Affaires étrangères, avant de devenir chercheuse associée au Centre de recherches internationales (CERI), entre 1999 et 2001.

Conseillère de Romano Prodi

Au tout début des années 2000, Sylvie Goulard amorce un tournant décisif. Elle devient ainsi la conseillère politique du président de la Commission européenne Romano Prodi, poste qu'elle occupera jusqu'en 2004.

Elle est notamment chargée du suivi de la Convention sur l'avenir de l'Europe, présidée par Valéry Giscard d'Estaing, dans le but de rédiger un projet de traité constitutionnel. Et si elle a quitté le CERI, elle n'en délaisse pas pour autant l'enseignement puisqu'elle continue de donner des cours, à Bruges et à Paris.

Eurodéputée

Au contact de Romano Prodi, Sylvie Goulard affirme ses ambitions politiques. Elle se présente aux élections européennes de 2009 et est élue députée européenne sur la liste du Mouvement démocrate (MoDem) dans la circonscription Ouest de la France. Elle devient alors membre du groupe parlementaire de l'Alliance des démocrates et des libéraux pour l'Europe (ADLE).

L'année suivante, en 2010, Sylvie Goulard cofonde, avec Daniel Cohn-Bendit, Isabelle Durant et Guy Verhofstadt, le groupe Spinelli, une association de députés européens, d'universitaires et d'autres personnalités politiques qui a pour objectif de promouvoir le fédéralisme européen. Aux Européennes de 2014, elle sera réélue non plus sur une liste de l’Ouest, mais du sud-est de la France, sous l’étiquette ALDE.

La voie Macron

En septembre 2016,  Emmanuel Macron est invité à Lyon pour assister au Sommet des réformistes européens. Un événement organisé par l’Institut Montaigne, un cercle de réflexion libéral, et par les Gracques, un think tank proche de l’aile droite du parti socialiste (PS).

Sylvie Goulard, également présente à cette occasion, ne fait alors pas mystère de son désir de se mettre «En Marche!», du nom du mouvement lancé en avril 2016 par l’ancien protégé de François Hollande.

Le pas franchi presque aussitôt, elle sera dès lors d'une aide fondamentale pour le jeune candidat à l'Elysée. C'est elle qui a notamment été à l'origine de la rencontre entre Emmanuel Macron et Angela Merkel durant la campagne présidentielle.

En récompense de son engagement, Goulard est nommé ministre des Armées au sein du premier gouvernement d'Edouard Philippe, le 17 mai 2017.

Rattrapée par les affaires

Son mandat ne dure toutefois qu'un mois et quatre jours. Après l’ouverture d’une enquête préliminaire pour abus de confiance visant son parti, le MoDem, dans l’affaire des assistants parlementaires au Parlement européen, la ministre demande en effet à quitter le gouvernement. Une démission nécessaire «pour être en mesure de démontrer librement [sa] bonne foi», explique-t-elle alors.

Si l'enquête judiciaire reste ouverte, Sylvie Goulard n'a pas été mise en examen et a même été nommée en janvier 2018 à la Banque de France, en tant que sous-gouverneure. Une affaire qui tout de même joué dans le choix des députés européens de rejeter sa candidature à la Commission européenne. Tout comme ses activités au sein de l'institut Berggruen, fondé par le milliardaire germano-américain Nicolas Berggruen, entre 2013 et 2016, alors qu'elle était députée européenne, et qui lui ont valu une rémunération de «plus de 10.000 euros» par mois.

Après avoir été écartée par le Parlement européen, Sylvie Goulard devrait retrouver son poste à la direction de la Banque de France, dont elle s'était mise en congé.

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