Ce lundi 23 septembre doit s'ouvrir devant le tribunal correctionnel de Paris le très attendu procès du Mediator. Ce médicament, censé servir de traitement d'appoint au diabète, a surtout été prescrit comme coupe-faim. Retiré du marché en 2009, il est à l'origine d'effets secondaires cardiaques et pulmonaires très graves, aux conséquences souvent fatales.
Si l'un des enjeux du procès va être d'établir un bilan exact de la tragédie, un rapport d'expertise, rendu public en avril 2013, a d'ores-et-déjà estimé que la molécule du Mediator, le benfluorex, a causé au moins 2.100 morts.
Des décès imputables essentiellement au développement de deux pathologies : des valvulopathies d'abord (déformation des valves cardiaques) et des hypertensions artérielle pulmonaire (HTAP), qui, si elle est plus rare, est toujours incurable.
La valvulopathie : des patients alertés par des essoufflements
La valvulopathie définit l'atteinte d'une ou plusieurs valves du coeur.
Concrètement, quatre valves sont présentes à l'intérieur du cœur. Elles séparent les différentes cavités et empêchent le sang de refluer dans le mauvais sens.
Si une valve se rétrécit, elle va empêcher le sang de bien passer. En cas de lésion, elle peut entraîner des fuites de sang à chaque battement du coeur.
En pratique, le premier signe d'alerte, décrit d'ailleurs par de nombreux patients du Mediator, est l'essoufflement. Un essoufflement constaté d'abord à l'effort, qui va se prolonger ensuite au repos.
«Il peut aussi y avoir une grande fatigue ou des palpitations» explique Geneviève Derumeaux, cardiologue au CHU Henri Mondor (Créteil), citée par Top Santé.
La spécialiste souligne toutefois que ces symptômes ne sont pas spécifiques aux maladies des valves cardiaques, d'où l'importance de consulter.
Lorsque la valvulopathie est détectée à temps, il est possible de changer la valve. Mais si elle est détectée trop tard, elle peut malheureusement provoquer des complications cardiaques très graves, voire le décès du patient.
En 2013, les trois experts à l'origine du rapport d'expertise judiciaire sur le Mediator, avaient établi qu'entre 220 et 300 décès à court terme étaient imputables à une valvulopathie, pour 1.300 et 1.800 autres victimes à long terme.
L'hypertension artérielle : quand la tension monte dans l'artère pulmonaire
L’hypertension artérielle pulmonaire (HTAP) correspond à une augmentation anormale de la pression sanguine dans les artères qui relient le cœur aux poumons.
Cette maladie est due à un rétrécissement des petites artères pulmonaires, ce qui provoque une augmentation de la pression artérielle pulmonaire, aboutissant à une insuffisance cardiaque.
Concrétement, le sang ne circule plus correctement, du coup le cœur doit fournir un effort supplémentaire pour le pomper ce qui, au final, va le détériorer.
Comme pour la valvulopathie, l’essoufflement est le principal symptôme de l'hypertension artérielle pulmonaire, même si, là encore, ce n'est pas non plus un signe spécifique.
Au début de la maladie, les patients décrivent souvent une grande fatigue, mais au fil du temps, c'est l'essoufflement qui devient le plus handicapant.
Devenant au fur et à mesure de plus en plus marqué, l'essoufflement s’accompagne de douleurs dans la poitrine, parfois d’œdème des jambes, voire de malaises et de syncopes.
Si plusieurs cas de HTAP ont été constatés chez des personnes ayant pris du Mediator, le rapport d'expertise judiciaire de 2013 n'avait toutefois pas été en mesure de les évaluer avec exactitude.
Des données plus précises pourraient ainsi être communiquées au cours du procès.