«Si on a retrouvé le coq, c'était le signe que Notre-Dame devait être reconstruite». Arnaud, 10 ans, venu avec sa classe, fixe fasciné le fier emblème de la flèche de la cathédrale, exposé au ministère de la Culture à la veille des Journées du patrimoine.
La classe de sixième du collège République de Bobigny est la première à pénétrer dans le magnifique Salon des maréchaux, où se tiennent d'habitude les conférences de presse et réceptions du ministère rue de Valois, aménagée pour recevoir l'exposition éphémère «Revoir Notre-Dame». Comme l'an dernier, les Journées européennes du patrimoine ont commencé vendredi dans toute la France par un jour réservé aux écoliers lors de l'initiative «Levez les yeux» parrainée par Stéphane Bern.
Le ministre de la Culture Franck Riester escorte les enfants par le grand escalier jusque dans la salle ornée de dorures.
Quatre œuvres trônent au milieu du salon d'apparat. Deux des statues représentant les symboles des évangélistes et le buste de l’architecte Eugène-Emmanuel Viollet-le-Duc en Saint-Thomas ont eu de la chance: elles avaient été déposées quelques jours avant l'incendie en vue de leur restauration. Elles ne sont pas en parfait état. Ainsi l'un des anges de bronze a une fissure au genou, comme le montre Franck Riester aux enfants.
«Quelle couleurs ont les anges?». L'un des enfants les voit «bleus». «Non, ils sont verts», répond amusé le ministre. Un des enfants voit dans un des évangélistes «un oiseau avec des ailes».
Alors qu'Arnaud dit être allé «plein de fois» à Notre-Dame avant l'incendie, d'autres enfants ne cachent pas leur ignorance totale de ce monument phare de l'Histoire de France.
C'est surtout le coq verdâtre rescapé de l’incendie qui attire leur regard. Le feu et la violence de la chute du sommet de la flèche l'ont déformé, tordu, fortement endommagé.
«Le coq a été retrouvé dans les gravats par Philippe Villeneuve lui-même, l'architecte en chef, cela a été un moment d'intense émotion», raconte le ministre aux enfants.
Métallier avec le tablier traditionnel
Judith Cagan, commissaire de l'exposition et cheffe de la conservation du patrimoine mobilier et artisanal, souligne «la très grande connaissance» qu'avait l'architecte Viollet-Le-Duc de l'art gothique au Moyen-Age et «la science et la qualité» de son travail, lors du chantier engagé entre 1858 et 1865.
Des photographies d'époque documentent la flèche et le chantier. Les noms des sculpteurs et des fondeurs sont connus. Des agrandissements de certains éléments des reliquaires pourraient répondre à des questions encore non tranchées, notamment sur la peinture. Les anges de la flèche avaient été peints en vert en 1930.
Le relevé manuel de la charpente, réalisé par deux architectes du patrimoine avec l’aide de compagnons du devoir en 2016, complète la documentation rassemblée.
Une autre attraction de la visite est Olivier Baumgartner, qui s'est installé derrière son établi sur le balcon qui donne sur les colonnes de Buren à l'entrée du Palais Royal.
Il porte une combinaison blanche, un grand tablier traditionnel des métalliers et dispose de toute une batterie de marteaux. Cet expert de la société SOCRA, société connue pour la conservation du patrimoine, est spécialiste de la transformation du cuivre, et participe à la rénovation des statues à Périgueux.
A la fin de la visite, Franck Riester signe des autographes sur la balustrade.
Pendant toute la durée des Journées, samedi et dimanche, les visites se feront uniquement sur réservation au ministère de la Culture.