Quinze jours après le lancement par Edouard Philippe du Grenelle contre les violences conjugales, Marlène Schiappa, secrétaire d'Etat à l'égalité femmes-hommes, a dressé un premier bilan d'étape, ce mercredi 18 septembre, à l'occasion d'un point-presse organisé à son ministère.
De ces premiers travaux, Marlène Schiappa a notamment estimé que les forces de l’ordre devraient pouvoir contrôler plus facilement si les hommes soupçonnés de violences conjugales possèdent une arme à feu.
Dénonçant à cet égard, un véritable «angle mort» des politiques de prévention, la secrétaire d'Etat a en effet jugé qu'une telle vérification permettrait de réduire significativement les risques de féminicide.
«On a vu plusieurs cas de féminicides cette année qui montraient que, malgré les différentes plaintes, l’homme considéré comme violent avait toujours à sa disposition une arme, avec parfois des autorisations», a-t-elle ainsi expliqué.
Près d'un féminicide sur trois se fait par arme à feu
A ce sujet, la ministre a d'ailleurs rappelé que «l’arme à feu est le mode opératoire le plus fréquent dans les féminicides, avec 31,8 % des cas.»
Cette question d'une éventuelle détention d'un permis de port d'armes, et donc celle de son retrait, pourrait en ce sens être intégrée à la «grille d’évaluation du danger» dont doivent se doter les services de police et gendarmerie dans leurs procédures de réception des plaintes.
Actuellement, lorsqu’une femme va déposer plainte, il n’existe aucun protocole pour «aller voir chez le conjoint incriminé s’il possède une arme à feu», a encore pointé Marlène Schiappa, soulignant que «tout ce qu’on peut faire pour combattre les féminicides, il faut le faire».
Le numéro d'urgence 3919 bien plus connu qu'auparavant
S'exprimant en direct sur CNEWS, la secrétaire d’État s’est par ailleurs félicitée que le numéro d’appel d’urgence pour les femmes victimes de violence, le 3919, soit aujourd'hui bien plus connu dans la population.
Marlène Schiappa sur le 1er bilan du Grenelle des violences conjugales : «Il y a davantage de femmes qui savent vers qui se tourner» pic.twitter.com/uw4Xoci6Cf
— CNEWS (@CNEWS) September 18, 2019
«Avant le 3 septembre 2019 (jour du lancement du Grenelle contre les violences conjugales, ndlr), il n'y avait que 8 % des Français qui connaissaient ce numéro. Aujourd'hui, ils sont 54 %», a-t-elle déclaré.
Preuve de l'ampleur du phénomène, depuis le lancement du «Grenelle», 1.661 appels ont été enregistrés le 3 septembre par la plate-forme, contre 150 à 200 par jour en temps normal, et le flux n’a «pas décru» par la suite.
Enfin, le 3919, qui ne fonctionne pas la nuit, devrait «à terme» être ouvert 24 heures sur 24, ce qui permettrait notamment de répondre aux appels de femmes résidant en Outre-Mer, gênées par le décalage horaire, a souligné Marlène Schiappa.