A en croire une information des Echos, le gouvernement a décidé de reporter son plan d'économies sur les arrêts maladie. Si, selon le journal, l'exécutif évoque un projet «qui n'est pas mûr», il s'agirait, avant tout, d'éviter d'allumer un nouvel incendie dans un contexte social toujours très fragile.
Selon le quotidien économique, le projet de budget de la Sécurité sociale pour 2020 ne devrait ainsi donc pas comprendre de mesures d'économies importantes, sauf celles déjà annoncées avant l'été.
Pour rappel, il y a tout juste un an, le gouvernement avait promis de faire baisser le coût croissant des arrêts maladie.
Un coût qui, en 2018, avait représenté 7,5 milliards d'euros pour la Sécurité sociale, en progression de 4 % chaque année.
Un jour de carence pour tous
En février dernier, trois experts missionnés par Matignon avaient à cet égard rendu un rapport dans lequel ils préconisaient entre autres d'appliquer à tous les salariés - du privé comme du public - un jour de carence, autrement dit un jour non payé, comme c'est déjà le cas dans la fonction publique.
En théorie, les salariés du privé ont déjà trois jours de carence mais il arrive bien souvent que ceux-ci soient pris en charge par l'employeur, via des accords d'entreprise ou de branche.
Pas d'économies sur les arrêts maladie, mais la bride bien tenue sur les dépenses d'assurance-maladie #santé https://t.co/BmSgYG2pCP
Budget: le gvt renonce aux 3 MdsE d'écos supplémentaires évoquées en juillet https://t.co/AiqdheKofR— Solveig Godeluck (@Solwii) September 9, 2019
Par équité envers les fonctionnaires, les experts recommandaient donc à Matignon de retirer aux salariés du privé un jour de carence, que les entreprises auraient interdiction de compenser, l'idée étant de lutter contre les arrêts maladie abusifs (estimés à 15 %) et ceux de courte durée.
La crainte d'un nouvel incendie
Mais dans un contexte social toujours très instable, marqué notamment par la crise des gilets jaunes, le gouvernement souhaiterait surtout éviter de jeter de l’huile sur le feu, alors que les futures réformes des retraites et de l'assurance-chômage attisent déjà les mécontentements.
Lancer une réforme sur les arrêts maladie aurait été sans doute très mal reçue par l’opinion publique, et son report évite au gouvernement, qui a déjà maille à partir avec la crise des urgences, de gérer une crise supplémentaire.